samedi 24 juin 2017

Une question de confiance



La vie est une question de confiance. Au travail, dans la famille, entre amis, tout repose sur la confiance. En politique aussi : on choisit rarement un candidat, dans quelque scrutin que ce soit, uniquement sur des bases rationnelles, par pure idéologie. C'est d'ailleurs impossible (il y a toujours des désaccords), et non souhaitable (car nous tomberions dans le fanatisme aveugle). La confiance, c'est un acte de foi, une forme d'espérance, qui n'exclut pas la lucidité, les réserves et même la critique. Donner sa confiance est toujours une prise de risque. Mais c'est la vie ! comme on dit.

En démocratie, les votes sont permanents. Ils mobilisent tout le corps électoral ou bien concernent des collèges plus restreints. Le 04 juillet aura lieu un vote important : les parlementaires nouvellement élus devront dire s'ils accordent ou non leur confiance au gouvernement et à sa politique. Il ne s'agira pas d'un vote d'adhésion, de soutien, de ralliement, encore moins de soumission, mais d'un vote de confiance. Si notre législation emploie ce mot, qui peut paraître plus moral que politique, c'est qu'elle a ses raisons, c'est qu'elle tient à la précision. Disons-le encore autrement, de façon plus triviale, moins juridique : veut-on oui ou non donner ces chances au nouveau pouvoir, lui accorder au moins le bénéfice du doute, jeter sur lui, quoi qu'on en pense, un regard bienveillant ? Souhaite-t-on, en un sens très actif, pas uniquement sous forme de vœu pieux, sa réussite ? Voilà ce sur quoi devront se déterminer nos députés le 04 juillet.

Preuve que la décision dépasse la pure politique, c'est-à-dire les enjeux de pouvoir : Emmanuel Macron, disposant de la majorité absolue à l'Assemblée nationale, n'a nullement besoin de réclamer la confiance. Il lui suffit que les siens, députés estampillés La République En Marche, accordent leurs suffrages au gouvernement. Mais là, ce n'est plus de la confiance : c'est de la cohérence vis-à-vis de soi-même et de la discipline à l'égard du groupe parlementaire auquel on appartient. Alors, pourquoi le Premier ministre irait-il chercher ailleurs la confiance ? Justement parce que le président de la République s'est fait élire sur la promesse de rassembler, autour de son projet, tous les progressistes d'où qu'ils viennent, de droite, de gauche, d'ailleurs ou de nulle part, comme le reflète la composition du gouvernement. Il doit donc élargir sa base parlementaire, ne pas en rester confortablement à ce que certains craignent à tort, en exagérant, comme un "parti unique", LREM.

L'entreprise est en cours. La droite constituera un groupe de "constructifs" qui, sans renoncer à ce qu'ils sont, à leurs idées et leur famille d'origine, voteront la confiance au gouvernement, ou du moins s'abstiendront. Par cette décision, ils enverront un signal positif à l'égard du nouveau pouvoir, manifestant ainsi leur volonté de contribuer à la mise en place de sa politique. J'espère, je souhaite qu'un pareil groupe s'organise du côté des socialistes : le président ne vient-il pas de leurs rangs ? Une grande partie de leur électorat ne les a-t-elle pas abandonnés au profit de la République En Marche ? Ce serait un comble s'il n'y avait pas, chez les socialistes aussi, des "constructifs" qui votent la confiance ! Ce qui reste du PS mérite mieux que le repli sectaire, la radicalité et l'opposition systématique. Il faudrait être aveugle à ce qui se passe en ce moment en France pour tomber dans cette erreur.

Il y en a qui ne voteront pas la confiance, à qui d'ailleurs elle n'est pas demandée, parce que nous savons que ceux-ci sont fondamentalement anti-Macron : la France insoumise et le Front national, extrême gauche et extrême droite, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. Ils seront, les uns et les autres, des forces d'opposition irréductibles, sans concession, contre le nouveau gouvernement, par principe, par idéologie. C'est très bien ainsi, car il en faut aussi. La démocratie a besoin de confiance, mais la vie est faite aussi de défiance. Nous le verrons le 04 juillet : à l'issue du vote, il y aura une majorité élargie, éventuellement critique, et une opposition absolue, frontale. C'est ça, la démocratie, jusqu'à un prochain vote.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Macron a dit , je ne suis pas socialiste ; donc il ne vient pas de ce parti .... C'est pourtant ce que vous dites trés clairement .........

Emmanuel Mousset a dit…

Macron a été adhérent du PS pendant trois ans. Il a été le premier conseiller d'un président socialiste. Ce n'est pas anodin, non ?