lundi 26 juin 2017

Perseverare diabolicum



Benoit Hamon était l'invité de la matinale de France Inter. A-t-il tiré des leçons de son grave échec à la présidentielle ? Non. A-t-il reconnu des erreurs politiques dans sa campagne électorale ? Non plus. Compte-t-il au moins changer de stratégie et de projet, puisqu'il n'a pas réussi à convaincre les Français ? Aucunement. Benoit Hamon a perdu, mais il continue dans la même voix. La faute, c'est les autres, pas lui.

Les thèmes qui lui tiennent à cœur sont inchangés : l'épandage aérien, le sort des abeilles, les nuisances alimentaires, etc. Hamon aurait dû rester ce qu'il a été : un député européen. Dans ce Parlement, on y traite en effet beaucoup des questions techniques et règlementaires, d'ordre sanitaires et environnementales. Loin de moi l'idée de mépriser ces sujets, d'une haute utilité pour nos contemporains. Mais j'ai toujours pensé qu'un président de la République devait se placer à un niveau supérieur, économique et social ou géopolitique.

Benoit Hamon persiste aussi dans sa vision du travail, alors que son propre Parti n'a pas repris, lors des élections législatives, sa mesure-phare d'un revenu minimum universel d'existence, qui a tant fait parler pendant la campagne. L'ex-candidat s'accroche à sa conception d'une société où le travail perd de sa valeur centrale, où il est même considéré comme une activité pathogène ! C'est une folie.

Quant à sa position à l'égard d'Emmanuel Macron, elle est sans surprise et sans nuance : pour Hamon, le nouveau président est de droite, autoritaire, ultra-libéral, destructeur des acquis sociaux et ... soumis à Poutine. Hamon va jusqu'à faire une lecture "marxiste" de l'actuel pouvoir : nous serions dirigés, tenez-vous bien, par les représentants de la "bourgeoisie". Quelle connerie !

Et lui, Benoit Hamon, que fait-il, que propose-t-il ? Samedi dernier, il n'a même pas assisté au Conseil national du Parti socialiste, où il était pourtant débattu du positionnement à tenir face au gouvernement. Non, il a trouvé plus important de défiler avec la Gay Pride. Dimanche prochain, le 1er juillet, il va lancer un nouveau mouvement (adieu le PS ?). Savez-vous quel est son nom ? Le mouvement du 1er juillet, tout simplement. Quelle originalité, quelle puissance de la pensée ! Sur les réseaux sociaux, parait-il qu'Hamon est populaire (à défaut de l'être dans les urnes) : on lui fait des câlins et des bisous numériques, on lui attribue des petits noms affectueux, on le console, on le dorlote, on le chouchoute. Pauvre Benoit Hamon !

21 commentaires:

P P a dit…

"Mais j'ai toujours pensé qu'un président de la République devait se placer à un niveau supérieur, économique et social ou géopolitique."
Mais avec cette assertion, vous rejoignez MLP qui place la France au-dessus de l'Europe !
Il est difficilement concevable que respecter la nature à laquelle nous devons tout soit inférieur à diriger un état.
Et même, c'est incroyable de pouvoir lire ça de votre part, professeur de philosophie...

Emmanuel Mousset a dit…

1- L'économique et le social, la géopolitique ne sont pas français, mais européens et même mondiaux. Je n'ai donc rien à voir avec les nationalistes.

2- Nous devons tout à la nature ? C'est un point de vue philosophique (puisque vous faites référence à cette discipline). Mais on peut penser qu'on doit tout à l'humanité ou à Dieu, que la nature c'est de la merde tout juste bonne à être dominée et combattue.

Anonyme a dit…

Pour ne pas persévérer dans l'erreur il fat d'abord avoir conscience de celles commises. D'avoir été investi par son parti surtout pour contrer Valls. De ne pas être en phase, en accord avec son parti. De rester dans le cadre d'une Europe néolibérale qui ne permet en aucune façon de faire la moindre politique de gauche.

Emmanuel Mousset a dit…

1- Hamon n'a pas été investi par son Parti mais par les électeurs de la primaire. Si le Parti avait choisi, il ne se serait pas donné Hamon.

2- L'Europe, ce sont des institutions qui ne présupposent pas plus d'idéologie économique que la Constitution de la Vème République. Envoyez une majorité communiste au Parlement européen, et l'Europe deviendra communiste.

Anonyme a dit…

Sans doute Hamon a effectivement été qualifié pour contrer Walls avec la bénédiction de ses fées Aubry, Hidalgo,Dufflot. Tactique désastreuse pour les frondeurs et leurs complices, Macron a été élu!!

Emmanuel Mousset a dit…

Macron aurait été de toute façon élu. On n'arrête pas la marche de l'Histoire.

Erwan Blesbois a dit…

Emmanuel Mousset a la chance de ne pas avoir reçu un héritage bobo, il est donc en phase avec une majorité de gens, avec le sens commun français qui est majoritairement de sensibilité catholique de manière inconsciente, non pratiquante, mais encore vivante. Cela lui donne (à Emmanuel Mousset) une force intérieure extraordinaire, il avait prédit l'élection de Macron avant tous les autres et avec une certitude sans failles. Emmanuel Mousset a bien compris que durant presque 2000 ans les gens ont craint et redouté la nature, mais qu'avec leur religion et leur philosophie occidentales ils l'ont affrontée et finalement vaincue, et donc que désormais ils sont en droit de la mépriser, puisqu'ils n'en ont plus peur et qu'elle n'apparaît plus si terrible, ça c'est le bon sens (de là à dire qu'elle est une "merde" méprisable, c'est un peu excessif mais cela en dit un peu sur l'aspect un rien inquiétant du personnage).
Seulement voilà, le programme du libéralisme postule une croissance illimitée, comme un dogme, dans un monde fini, quelle que soit la façon dont on retourne le problème, la nature est comme la branche sur laquelle l'humanité est assise et qu'elle est en train de scier ; à moins de renoncer au libéralisme.

Erwan Blesbois a dit…

La tête de Turc du jour est Benoît Hamon ce benêt, mais cela pourrait être aussi bien JLM ou MLP. On remarquera que depuis un certain temps les LR sont épargnés car susceptibles de se rallier tous tôt ou tard à Macron, lorsqu'ils sont constructifs ce sont des gens biens, comme les élus du PS, ceux qui sont constructifs. Les frondeurs, JLM et MLP au contraire sont "irrécupérables", ce sont des gens pas bien.

Erwan Blesbois a dit…

Je crois que le système libéral dépasse nos élites politiques, c'est un système pris dans une spirale d'innovations qui engendrent l'enrichissement toujours plus grand des innovateurs (Les milliardaires, ou dans un idiome politiquement correct les "créateurs de richesses", ou encore ceux qui détiennent la propriété privée de l'appareil de production).
Innover consiste de plus en plus à supprimer des postes pour les remplacer par des robots. Pour innover les patrons demandent à payer moins de charges sociales, et l'austérité pèse avant tout sur les bas et moyens salaires, et sur la fonction publique. L'austérité crée des suppressions de postes de fonctionnaires, et la robotisation remplace les employés peu qualifiés. L'innovation actuelle tend donc à supprimer des postes sur deux fronts : celui des emplois peu qualifiés et celui de la fonction publique.
Le problème est aussi que les milliardaires sont comme les rois de la féodalités, des égoïstes aux egos surdimensionnés, ils ne sont pas prêts à partager quoi que ce soit car comme les rois ils s'estiment dépositaires d'une sorte de "droit divin". Ce "droit divin" leur est conféré par la structure pyramidale du système libérale, ils sont effectivement au sommet de la montagne, bien plus haut que nos gouvernants qui sont de simples exécutants de la machine. Ils tirent en outre le plus souvent leur légitimité d'une innovation et donc d'un produit qu'ils ont imaginé et créé, ils ne sont pas de simples héritiers ou de simples propriétaires, il faut avouer qu'ils sont aussi des créateurs au sens noble, comme dans l'esprit de Nietzsche quand il valorise ce mot.
Bref tout ça pour dire que le travail va tendre à disparaître, et que donc non Hamon n'est pas un sot quand il propose de taxer les robots et de redistribuer tout cet argent à l'ensemble de la société. Hamon est un très mauvais stratège politique, c'est un benêt, mais Mélenchon et lui devraient s'allier sur le plan des idées, car Hamon en a des bonnes.
Macron est un bon élève sans aucune imagination qui veut bien faire son job, c'est-à-dire se contenter de bien huiler la machine. Et c'est aussi un stratège politique. Donc rien à attendre de lui pour lutter contre les injustices sociales suscitées par l'innovation.

Emmanuel Mousset a dit…

Taxer les robots ? Pourquoi pas taxer les idiots, ça rapporterait beaucoup plus.

B. Roman a dit…

Ah Emmanuel Mousset vous me tendez une perche, Erwan Blesbois est non seulement un idiot mais un traître...
Pour Hamon, Mélenchon "a gardé du PS" une "tentation hégémonique permanente"
Venant de B.Hamon le propos est assez cocasse...lui qui a tenté jusqu'au bout de se battre pour cette hégémonie du PS....Mais fidèle à l'air du temps, il insulte une nouvelle fois Mélenchon comptant assurément sur les vents porteurs pour que ce propos vide de sens parcoure les médias.
Je l'attaque frontalement, je n'ai pas peur, ni de R.L. et Erwan Blesbois et autres petits bourgeois "sociaux traîtres" : "Hamon... Un type qui a fait trois fois plus que toi à la présidentielle et qui as écrasé le PS, et notamment ton aile frondeuse, aux législatives, à la légitimité de se revendiquer comme premier opposant à gauche et à prétendre à être le chef d'un nouveau premier parti de gauche. C'est pas (seulement) une histoire d'hégémonie..."

Anonyme a dit…

TAXER les robots , mais quelle est la définition du robot , mon compteur électrique jour - nuit est un robot ... Puisque il fonctionne sans mon intervention , ma voiture est un robot ... Mon ordinateur est un robot avec excel il fait tous mes comptes etc...

Emmanuel Mousset a dit…

Et votre femme, est-ce que c'est un robot ?

Erwan Blesbois a dit…


Il faut distinguer entre les robots domestiques et les robots d'usines ou même de centres commerciaux qui remplacent déjà les caissières, et ainsi apportent de la valeur ajoutée à l'entreprise et permettent de supprimer de la main d'œuvre qui a un coût. Le robot a lui aussi un coût qui constitue un investissement, mais au bout de quelques mois ou quelques année il est rentabilisé. Il aura permis de faire le même travail qu'un humain mais en ayant moins dépensé d'argent au final. Cela permettra à l'Entreprise de dégager des bénéfices sous formes de dividendes qui seront reversés aux actionnaires et aux dirigeants, pendant que l'on demandera aux salariés de faire toujours plus de sacrifices au niveau des salaires pour pouvoir dégager encore plus de bénéfices qui stimuleront l'investissement. Investissement qui permettra de concevoir de nouveaux robots, qui remplaceront à leur tour de la main d'œuvre qui a un coût, etc.
Comprenons-nous bien, les robots et les salariés sont un moyen dans un système où la finalité est l'enrichissement des riches. Plus on supprime des emplois, plus on investit dans des robots plus les riches s'enrichissent, c'est pour cela et ce ne serait que justice qu'il faudrait taxer les robots, ne serait-ce que pour indemniser ceux qui perdent leur emploi. Pour Emmanuel Mousset le système est vertueux car lui-même y trouve à s'épanouir, et généralisant à partir de son cas particulier il estime qu'il en est de même pour le reste des Hommes, ou feint de l'estimer. Moi je considère qu'il est pervers, d'abord parce que je n'y trouve pas matière à m'épanouir et ensuite parce que dans un tel système l'Homme en général n'est pas considéré comme une fin mais comme un moyen, en désaccord total avec la morale kantienne. Les seuls individus considérés comme un fin sont les milliardaires, ce qui les met à part de l'espèce humaine, ils sont de quasi dieux.
Pendant que l'humanité considérée comme un moyen vit sous la contrainte, dans la servitude et dans la guerre de tous contre tous, une petite minorité vit dans le luxe, l'opulence et le mépris des gens ordinaires, elle se vit comme une fin, les rapports y sont humains, courtois entre personne dignes du même respect et estimables : cela ne vous rappelle rien ? Oui l'Ancien Régime, tout à fait ! Tout est à refaire ou bien on continue comme ça jusqu'au rinçage intégral des gens ordinaires qui ont l'interdiction de penser autrement qu'en terme de consentement à leur servitude volontaire au nom du dogme du politiquement correct, qui les pousse à voter contre leur intérêt, poussés par un vieux fond de décence commune que leurs dirigeants cyniques et intéressés n'ont plus. Le Prince (Macron), étant le plus machiavélique des citoyens.

Emmanuel Mousset a dit…

Ton problème, Erwan, c'est que dans n'importe quel système, tu ne trouveras jamais à t'épanouir. D'ailleurs, la politique pas plus que le travail ne sont des lieux et des activités en vue de l'épanouissement des êtres humains. L'épanouissement, c'est une affaire individuelle, qui n'a rien à voir avec le système politique dans lequel on vit.

F R a dit…

Taxer les robots...
Insuffisant !
Taxer toutes les machines !
Toutes celles qui ajoutées les unes aux autres ont en simplifiant et facilitant le travail animal et humain, ont diminué les durées et les pénibilités du travail, tenant compte de l'accroissement phénoménal de la population.
Malthus n'avait pas tout faux.
Il y a un réel problème de l'emploi pour l'humanité qui se veut sociale lequel ne se résoudra pas par l'allongement des carrières avant les mises à la retraite.
Ce président trouverait-il une solution à cela qu'il mériterait d'être soutenu...
Give him a chance !

Emmanuel Mousset a dit…

Vous voulez taxer ma machine à café ?

F R a dit…

"Vous voulez taxer ma machine à café ?"
Pourquoi ?
Vous n'avez pas réglé la TVA lors de son acquisition ?

Taxer (des taxes patronales) toutes les machines qui remplacent des hommes pour produire, sur notre sol national et taxer d'équivalence les productions venant de l'étranger réalisées grâces à ces mêmes machines qui remplacent les travailleurs.
Au fait, combien de députés issus de la classe ouvrière dans la nouvelle assemblée alors que statistiquement il reste quand même encore 20% d'ouvriers dans notre pays ?
Chambre des députés et Sénat sont enfin à égalité : zéro ouvrier élu.
Ce score de 0% d'ouvriers au sénat et à l'assemblée nationale est en avance sur l'histoire car il y aura quand même encore pas mal d'années à vivre avant que les machines aient remplacé en totalité le corps ouvrier de nos entreprises...

Emmanuel Mousset a dit…

Posez-vous ces deux questions :

1- Combien, par le passé, y avait-il d'ouvriers parmi les députés ?

2- Qu'est-ce qu'un ouvrier a en faire d'être député ? N'est-ce pas plutôt un plaisir petit-bourgeois, une quête de reconnaissance sociale étrangère à la culture ouvrière ?

J S a dit…

Dès le début, le mode électoral a biaisé les choses.
Dès le début, l'adage "diviser pour régner" a été mis en application.
On a ainsi des députés du Nord, de la Loire ou du Cantal et non des députés de France.
Pour espérer avoir une représentativité plus respectueuse de la composition du corps électoral, il faudrait mettre en place des élections de listes au niveau national.
Là, des groupes représentatifs des couches laborieuses pourraient avoir enfin une chance d'être à la chambre voire au sénat si on y change aussi le mode d'élection.
Ce serait ingouvernable ?
Pas si sûr, si on abandonne la notion de majorité au profit de celle du meilleur résultat sur un seul tour de scrutin - comme en sport, ou celui qui a le plus de points a gagné...

E G a dit…

Qu'est-ce qu'un ouvrier a en faire d'être député ?
Cette réflexion est à rapprocher de la morale d'une fable de La Fontaine par laquelle le renard qui faute de pouvoir goûter aux raisins décide que finalement, "ils sont trop verts"...
Un ouvrier picard a eu la chance d'être élu un jour. Et depuis il y repique assidûment et même encore tout dernièrement et là (j'avais dit à son suppléant que c'était l'élection de trop, face au candidat marcheur), il a été sorti.
Il en est fort marri.
Il avait goûté aux raisins...
Il a toujours envie d'en savourer.