lundi 19 juin 2017

Ni trop ni trop peu



Alors, cette victoire ? Que voulez-vous que je vous dise ! Enorme, magnifique, joyeuse ... Emmanuel Macron a les dieux avec lui. Ses adversaires annonçaient il y a un mois une majorité relative et donc ingouvernable. Ces derniers temps, les mêmes adversaires prévoyaient une majorité pléthorique et donc ... ingouvernable (tous les arguments sont bons, y compris contradictoires, quand on veut discréditer). Eh bien le président de la République n'a ni l'une ni l'autre, pas de paralysie, pas d'hégémonie : une majorité absolue, juste ce qu'il faut, ni trop ni trop peu. N'est-ce pas beau ?

L'Aisne désigne trois députés En Marche et garde pour témoins un socialiste et un Républicain. Rappelez-vous, là aussi, il y a un mois : le FN était donné gagnant dans le département. Ah ! les prédictions en politique ... Tout à ma joie, je ne peux que dire : bravo, bravo, bravo ! Les Français ont mis à la retraite la vieille classe politique qui avait fait son temps, malgré les services rendus. Place maintenant aux jeunes, aux nouveaux, aux femmes, à toutes ces catégories sociales qui sont les forces vives de la nation et qui étaient jusqu'à présent trop souvent exclues de la représentation parlementaire.

Je voudrais saluer, en ce lendemain de victoire, trois personnalités qui ne sont pas de la République En Marche, mais qui méritent un coup de chapeau :

- Manuel Valls, pour son élection de justesse (mais qui n'est que justice) : l'ancien Premier ministre aurait pu jouer le rôle finalement assumé par Emmanuel Macron, la modernisation du camp du progrès et le rassemblement des progressistes. Mais il a trop lié sa démarche politique à celle de François Hollande pour incarner aux yeux des Français la nouveauté. Il n'empêche que c'est un homme de valeur, qui pourra apporter dans le travail législatif. Son élection me réjouit d'autant plus que Benoit Hamon, qui est décidément au dessous de tout, avait souhaité activement sa défaite.

- Myriam El Khomri : l'ancienne ministre du Travail a été battue, et c'est bien dommage. Emmanuel Macron lui avait pourtant apporté son soutien personnel. Cette femme est remarquable de courage et la loi travail est tout à son honneur. Son propre parti l'a insuffisamment soutenue, les frondeurs l'ont carrément trahie. Il revient maintenant au nouveau pouvoir de reprendre l'esprit de ce projet et de le porter beaucoup plus loin que ce à quoi les nombreuses dénaturations ont abouti. Nous n'oublierons pas Myriam El Khomri.

- Jean-Christophe Cambadélis : ce n'est pas que j'apprécie particulièrement ce lambertiste retors (pléonasme) à la grande intelligence, mais une décision responsable doit être reconnue et saluée. Ils ne sont pas si nombreux que ça, en France, contrairement aux autres démocraties, les politiques qui démissionnent à la suite d'un échec. Généralement, ils s'accrochent, fanfaronnent et prétendent que ça ira mieux la prochaine fois. Cambadélis quitte la direction du Parti socialiste, parce qu'il prend sa part de responsabilité dans la défaite. Quelqu'un comme Benoit Hamon, et quelques autres, feraient bien de s'en inspirer.

21 commentaires:

Anonyme a dit…

Manuel Walls "mérite" son élection, il a porté la France pendant de longs mois confronté entre autres aux attentats, entravé par les frondeurs, lié par fidélité a François Hollande. Si les socialistes l'avaient choisi a la primaire, leur parti n'en serait pas là aujourd'hui! En choisissant un frondeur, ils ouvraient un boulevard à Macron et vidaient leur parti. La démagogie de la Fronde est également emportée aux législatives par la vague sociale libérale ou libérale sociale!

Philippe a dit…

Petit rappel historique qui ne plaira pas aux rêveurs :
Depuis 1945 il n’y a eu qu’un épisode de « dégagisme » avant celui de dimanche, celui de 1958.
Suite au retour de de Gaulle a eu lieu le précèdent épisode aux législatives de fin 1958 : 22,82% d’abstention ... seulement.
Cela n’avait pas empêché le retour progressif des partis traditionnels et de quelques célébrités politiques évincées fin 58  !
L’actuel « dégagisme » est de beaucoup plus faible intensité.
Au total  « En Marche » a été « élue » par 12 à 14 % des citoyens inscrits sur les listes électorales et notre abstention a été largement plus du double de celle de 58 !
Cette situation pose la question de la légitimité démocratique du Parlement et sur ce point JL Mélenchon a raison.
La situation parlementaire est évidemment légale mais encore plus illégitime que lors des précédents suffrages législatifs …
Il va falloir que E Macron dans le cadre de la guerre économique de tous contre tous avec ses conséquences sociales fasse mieux que de Gaulle hier dans la guerre sanglante coloniale et civile.
Espérons cela possible car on n’a rien à gagner à l’installation d’une chienlit sociale.

Emmanuel Mousset a dit…

1- Le concept (stupide et dangereux) de "dégagisme" n'appartient pas à Macron mais à Mélenchon.

2- La distinction et l'opposition entre légalité et légitimité est maurrassienne et antirépublicaine ("pays légal, pays réel", disait Maurras). Comme quoi il y a un surmoi d'extrême droite dans une partie de l'opinion, même quand elle se prétend de gauche.

Philippe a dit…

"pays légal, pays réel" est me semble-t-il plus un constat fait au cas par cas plutôt qu'une sempiternelle pseudo injure politicienne que l'on sort à jet continu quand le propos de l’interlocuteur déplaît.
Mais pays réel et pays légal est pour moi un concept vivant et donc changeant avec et selon les situations sociales.
Exemple
Prenons la future « réforme » du code du travail voulu par E Macron comme exemple.
En votant REM les retraités, les fonctionnaires d’état ou territoriaux, les inactifs en général ont constitué (avec d’autres) un vote de désignation des représentant du « pays légal ».
Sur ce sujet social le seul pays réel est et sera constitué par les salariés du privé.
Pour cette raison s’ils descendent dans la rue et même ceux d’entre eux qui n’auront voté Macron que par dégagisme constitueront le pays réel. A ce moment là le pays légal sera au Parlement et ne représentera que 12 à 14% de la population ayant droit de vote.
"pays légal, pays réel" est une notion changeante selon les circonstances et non pas une abstraction figé dans les nuages d’où la difficulté d’être un vrai homme d’État.
Nous aurions du avoir un Henri IV nous avons peut être un Henri III (qui n’était pas ni tout ce que l’on en dit, ni si incompétent mais c’est l’époque qui était trop dure pour lui !)

Emmanuel Mousset a dit…

Vous avez le droit d'être maurrassien, surtout sur ce blog.

Philippe a dit…

Un vrai homme d'état est comme le bon cavalier celui qui sent les frémissements,les pulsations changeantes du pays réel, la "bête" qu'il chevauche.
Mais c'est difficile Mitterrand n'a pas toujours été au top ni de Gaulle (Mai 68)
Il faut être peuple et le rester ... difficile ... de faire abstraction de la nuée de petits marquis parfumés, obséquieux ... qui brouille le paysage.

Anonyme a dit…

Profitez bien de votre joie parce qu'elle pourrait être de courte durée, cette victoire est fragile : avec une abstention record de plus de 56% auquel il faut ajouter les votes blancs et nuls soit 61,5% des suffrages. C'est plus une victoire par défaut et désunion de ses adversaires. En tous cas cette déroute signe la mort du parti qui se dit socialiste à laquelle Hollande a bien contribué ainsi que Manuel Valls comme Myrian El Khomri, ministre porteuse de la Loi Travail dont Macron était le véritable instigateur.
Cette nouvelle situation politique vient de loin en effet toutes les contradictions internes du PS longtemps mises sous le boisseau ont explosé sous le quinquennat Hollande qui n'a su réaliser de synthèse que le temps où il fût le premier secrétaire du PS. A mon avis elles ont commencé dès mars 1983 où le gouvernement socialiste et communiste a renoncé à toute forme de socialisme en adoptant le néolibéralisme dominant avec l'alibi européen. Ce qui était considéré comme une parenthèse comme le disait Jospin est devenu le moteur du PS mais sans se l'avouer,ni le reconnaître publiquement d'où les grands écarts constants qui ont conduit à la fracture irréversible actuelle. D'autant plus qu'il est pris dans une tenaille mortelle entre Macron et Mélenchon, le dissident honni qui a quasiment réussi son pari de faire disparaitre la PS. Ce qu'il en reste est aussi fracturé et je gage que personne en leur sein ne pourra, saura, ou voudra remettre totalement en question des orientations plus que trentenaires parce que l'Europe est "une vache sacrée" qui ne souffre aucune remise en question.

Anonyme a dit…

Ne vous en déplaise Emmanuel Macron a bien procédé à un dégagisme à sa façon même s"il a récupéré certains éléments de la majorité sortante et la politique du gouvernement sortant dans lesquels beaucoup de gens de droite se reconnaissaient sans pouvoir y adhérer franchement en raison d'un clivage droite/gauche devenu largement artificiel.

Emmanuel Macron et En Marche ont su récupérer la part bourgeoise de l'électorat socialiste en dégageant cette majorité politique ce qui était indispensable à sa victoire; leurs victoires sont celles des classes bourgeoises acquises à la mondialisation et à l'UE ultralibérales.

D'ailleurs un essayiste de renom mais qui s'est souvent trompé, je veux parler d'Alain Minc, le conseiller de tous les présidents depuis plus de 20 ans et créateur du fameux théorème du cercle de la raison pour justifier le prêt-à-penser, parle à propos de Macron de "populisme mainstream" ce qui, ma fois, n'est pas mal trouvé.

Philippe a dit…

Quittons qq instant la politique française qui selon Coluche est la meilleure ... cocoroco.
La géopolitque et le caricaturiste algérien ici

http://www.liberte-algerie.com/dilem/dilem-du-07-juin-2017/page/2

Macron va-t-il aller baiser la main du Roi ... du pétrole ... comme Hollande ?

Emmanuel Mousset a dit…

1- Justement, Macron a "senti" le pays, c'est pourquoi il a gagné.

2- Des victoires "fragiles" comme celle-là, j'en veux bien tous les jours !

3- Minc se trompe tout le temps ... sauf quand il vous donne raison : pas mal trouvé !

Philippe a dit…

1- Justement, Macron a "senti" le pays, c'est pourquoi il a gagné.

Il a senti à l'évidence le dégagisme ... mais il en a été aussi le seul outil du moment disponible pour ceux qui ont voté.
Un nouvel outil se présente et Macron peut à son tour être dégagé ...
j'ai l'intuition que cela va devenir un sport national !
J'ai évoqué l'équitation mais on va peut être aller vers le rodéo, le populo est déjà peu satisfait de la façon dont Macron maintient en poste les émules de Fillon appartenant à son camp.
Vis à vis de son camp il semble atteint d'anosmie.

Emmanuel Mousset a dit…

Le "dégagisme" est un concept médiatique et polémique. Ce que Macron a "senti", c'est bien autre chose : une société qui change, des mentalités qui évoluent, des aspirations qui ne sont plus les mêmes, des idéologies qui sont largement dépassées. Le "dégagisme" n'est que l'écume des choses.

Philippe a dit…

Au contraire le dégagisme c'est le fond !!!
Depuis le siècle des Lumières nos sociétés européennes évoluent progressivement vers la mise en avant de l’individu devenu premier par rapport au collectif.
Sous le coup de boutoir des droits de l’individu les droits du collectif sont passés dans les valeurs … du dessous.
Nos élus, dès qu’ils le sont, sont pour nous des représentants du collectif donc des gêneurs.
Un gêneur on le dégage.
On peut discuter sur ce sujet en prenant des domaines divers.
On sort des religions, comme structures, mais pas du religieux, on se crée « sa » religion sur mesure. On dégage les structures et donc leurs représentants.
Dans un domaine plus vaste celui du droit, le droit civil d’après ce que j’ai lu, s’incline de plus en plus devant le droit privé dans les décisions de Justice.
Etc.
On peut dégager les symboles humains du collectif même si on les a créés qq jours avant …
Non le dégagisme est une évolution « normale » des droits de l'individu dominants tous les autres droits.
On peut le regretter mais c'est  !

Philippe a dit…

erreur
le droit PUBLIC d’après ce que j’ai lu, s’incline de plus en plus devant le droit privé dans les décisions de Justice.

Anonyme a dit…

Minc(e) alors ! ou l'exception qui confirme la règle.
Emmanuel Mousset comme son mentor Emmanuel Macron s'est mis en marche pour représenter, assurer et défendre les intérêts de la bourgeoisie. Ce montre bien l'analyse des cartes électorales.

Emmanuel Mousset a dit…

Je suis en bonne compagnie : la majorité des électeurs sont d'accord pour défendre la bourgeoisie. Bizarre, non ? A moins que la bourgeoisie soit devenue majoritaire ...

Anonyme a dit…

La majorité des électeurs avec vous? C'est une analyse superficielle ! Une analyse affinée des résultats électoraux montre que votre bloc bourgeois est minoritaire soit 15% du corps électoral en tenant compte d'une abstention, vote blanc et nul jamais aussi élevés depuis le début de la Vè République.
La bourgeoisie devenue majoritaire, une fable de plus! Surtout la mieux organisée pour défendre ses intérêts de classe par la fusion de la variante de droite et de celle dite de gauche.

Emmanuel Mousset a dit…

Vous avez raison : Macron est minoritaire en France, il faut recommencer l'élection présidentielle.

Erwan Blesbois a dit…

Il faudrait plutôt réfléchir à pourquoi la majorité de gens ordinaires en France ne se sentent plus représentés par les valeurs de plus en plus "hors-sol" de la République depuis 1983 et le tournant libéral de la gauche comme de la droite représentatives. Je veux bien qu'une part non négligeable d'entre eux se soient laissés hypnotiser et sidérer par "l'effet de renouveau Macron", mais l'illusion ne durera pas bien longtemps.

Anonyme a dit…

C'est bien ce que je disais vous êtes superficiel. Recommencer l'élection présidentielle, chiche !
Avec le départ de tous les ministres Modem ça commence bien....mais le patron va siffler la fin de la récréation !

J C a dit…

"A moins que la bourgeoisie soit devenue majoritaire ..."
Encore faudrait-il que les classes paraît-il en lutte, existent réellement !
Il y a des nantis, il y a des pauvres, il y a plein de gens entre les deux... Que les nantis se serrent les coudes pour sauvegarder leur position sociale : aucun doute là-dessus !
Que les pauvres en fassent autant, alors là, je me marre. Si les pauvres s'entraident, c'est juste pour survivre et pas pour essayer de renverser la situation... Et que tous les autres, les entre les deux, fassent bloc pour constituer un bloc social, pure fable ! Individuellement les plus doués d'entre eux tentent d'accéder au plus haut niveau et les autres tachent de ne pas choir parmi les pauvres.
Alors, parler de bourgeoisie majoritaire est une vaste blague : il n'y a pas de compétition de ce type qui soit en cours entre des blocs sociaux constitués.