mercredi 21 juin 2017

Mélenchon : morgue, mépris et mensonge



Le mathématicien Cédric Villani est une figure marquante parmi les nouveaux députés de la République En Marche. C'est une personnalité brillante, un chercheur de renom et un pédagogue hors-pair, qui a la rare qualité de mettre à la portée de tous sa difficile matière. C'est aussi un personnage original, pas du tout le mathématicien tel qu'on l'imagine : cheveux longs, ruban autour du cou, énorme araignée sur son col de veston, il fait penser à un homme venu d'un autre temps. C'est d'ailleurs ce qui fait tout son charme.

En même temps, rien de fantaisiste chez lui : sa parole est calme, douce, son propos est posé, modéré, très clair, raisonnable. Sa présence à l'Assemblée nous rappelle que la Révolution française avait, elle aussi, ouvert la représentation nationale à des chimistes, des mathématiciens, des ingénieurs ... Seule la République En Marche pouvait accepter dans ses rangs, comme candidat, quelqu'un d'aussi atypique, qu'aucun autre parti n'aurait osé présenter.

Eh bien, c'est cet homme-là, qui suscite l'intérêt et qui inspire le respect, que Jean-Luc Mélenchon a choisi d'attaquer hier, lors de son entrée au Palais Bourbon. Lui et les siens nous ont d'abord offert cette scène ridicule : poings levés autour du chef, gueulant tous "résistance ! résistance !" (à quoi ?! Tu parles !). Le décor était planté, Mélenchon n'avait plus qu'à parler, ce qu'il sait très bien faire, puisqu'il ne sait faire que ça. Sa déclaration mérite d'être intégralement citée : "J'ai vu le matheux, je vais lui expliquer ce que c'est qu'un contrat de travail et il va tomber par terre. Il ne le sait pas tout simplement. Il ne sait pas que la journée de 8 heures, c'est 100 ans de luttes. Le gars, il croit que ça a été toujours comme ça".

En matière de morgue et de mépris, j'ai rarement entendu pire. Tout y est : le "matheux", terme qui vise à disqualifier la personne, à rabaisser sa valeur, à lui refuser son titre exact. Lui, Mélenchon, il a le savoir pour lui, pas Villani : savoir juridique (la rédaction d'un contrat de travail), savoir historique (les luttes sociales). Non seulement Cédric Villani est un ignorant, mais c'est également un idiot (il croit savoir, il pense que "ça a été toujours comme ça"). Voilà de quoi est capable un soi-disant insoumis : morgue, mépris et par dessus le marché mensonge, puisque Villani, en tant que directeur d'un institut scientifique, responsable des embauches, connaît parfaitement les contrats de travail et en a vu beaucoup plus dans sa vie que n'en verra jamais Jean-Luc Mélenchon, qui n'a à aucun moment de son existence exercé une telle responsabilité.

Cette minable polémique pourrait faire sourire, ne pas prêter à attention et être vite oubliée. A tort ! Mélenchon se dévoile : fanfaron, prétentieux et surtout méprisant envers l'homme de science, l'intellectuel, qu'il cherche à décrédibiliser en portant atteinte à ce qui fait sa légitimité, le savoir. Il y a sans doute une part de jalousie chez cet homme manifestement envieux. Ce que déteste aussi probablement Mélenchon chez Villani, c'est sa personnalité hors norme, sa liberté : le véritable insoumis, ce n'est pas Mélenchon (qui a trainé toute sa vie dans la haute classe politique française), c'est Villani !

Mélenchon, c'est qui ? Le type qui a tué le PCF, puis le PS et qui, au premier tour de la dernière présidentielle, mécontent de voir que Sa Grandeur n'avait pas été qualifiée, a refusé d'appeler à voter républicain pour faire barrage à l'extrême droite, comme le veut pourtant la plus ancienne tradition de gauche. Voilà le type qui se permet de faire la leçon à Cédric Villani ! M comme morgue, M comme mépris, M comme mensonge ... M comme Mélenchon. 

16 commentaires:

Maxime a dit…

Je crois que tout est dit. Je ne suis on ne peut plus d'accord avec vous Monsieur ! En fait JLM n'est qu'un vulgaire roquet, comme son pendant de l'extrême-droite.

Philippe a dit…

« M comme morgue, M comme mépris, M comme mensonge ... M comme «  ….. »
A la place de Mélenchon il est possible de placer beaucoup de noms connus et inconnus … entre le guillemets commençant par M ou une autre lettre !
Il est tellement facile d'éructer un bon mot d’esprit ou un gros mot bien grossier au dépens des autres …
Il me semble que le film « Ridicule » traitait un peu de ce sujet.
Dans les réseaux sociaux (comme on dit) c’est un sport très à la mode.

Emmanuel Mousset a dit…

Vous avez raison : Mélenchon, grossier, rigolard et ridicule, aurait mieux fait de se taire.

Anonyme a dit…

Nous sommes très loin des luttes sociales.Les contrats visés par le matheux n ont strictement rien à voir avec ceux imposés aux défavorisés.N oublions pas les immenses turpitudes de la caste universitaire et ses recrutements meurtriers et injustes.Nous sommes dans un univers situé aux antipodes de la souffrance quotidienne dont Mélenchon parle.Pas de melanchonistes ici,des profs surtout.

Anonyme a dit…

À lire,voulons nous vraiment l égalité? Patrick Savidan ( la réponse est non)

Erwan Blesbois a dit…

Attribuer la mort du PS à Mélenchon, alors qu'il s'agit d'un Hara-kiri mûrement réfléchi (par ceux encore très nombreux qui veulent prolonger le libéralisme coûte que coûte) pour laisser un boulevard à Macron, quelle mauvaise foi ! Faire semblant de s'apitoyer sur la mort du PS, pour lequel tu as milité pendant plusieurs dizaines d'années, et en attribuer la cause à Mélenchon, pour s'exonérer toi et beaucoup de tes semblables ex militants socialistes, de toute responsabilité, c'est un manque de probité intellectuelle. Par instinct de survie vous êtes nombreux issus du PS libéral-libertaire à avoir soutenu Macron également libéral-libertaire, mais personne n'a rien fait pour sauver le PS, absolument personne...
Enfin Macron a le mérite de montrer que droite et gauche font exactement la même politique économique libérale sous les ordres de Bruxelles, mais avant tout sous influence nord-américaine. Donc la droite et la gauche vont se fondre à terme certainement dans un parti unique, libéral et mondialiste, c'est tout à fait logique. Il serait logique aussi que les souverainistes de gauche et de droite s'allient à terme, sinon ils ne parviendront jamais au pouvoir.
Quant à prendre des membres de la société civile, donc des politiciens amateurs dans le gouvernement et l'Assemblée de la part de la REM, c'est montrer que la société n'a plus besoin de l'autorité qui pouvait être représentée par les partis traditionnels, que nous vivons dans une société de pairs, donc une société sans "père", avec toutes les implications qu'un tel fait de société engendrera dans le domaine de l'éducation, car l'autorité dans une classe comme en politique c'est ce qui permet de protéger les plus fragiles. Notons que ces pairs sont ceux qui trouvent leur compte dans cette société sans "père" directement issue de l'idéologie de mai 68. Ce sont donc bien effectivement les 15 à 20% de bobos des grands centres urbains que ces pairs gouvernementaux représentent, appuyés par les "élites" médiatico-culturelles qui proviennent du même milieu. C'est donc tout un petit monde qui pratique l'entre-soi qui a porté au pouvoir des gens qui ne représentent qu'eux et leur idéologie issue de 68. Notons que la "France périphérique" n'est plus du tout représentée, c'est-à-dire les gens ordinaires qui aspirent à une vie décente : la grande majorité des Français.

Anonyme a dit…

Bon Mélenchon est là.Mais son allié dans le combat contre la gauche plus libérale n'est pas beaucoup cité:Xavier Emmanuelli(dcd en mars 2017)Ils n'ont pas été seuls à vouloir une politique plus à gauche au PS.Mais bien avant sa sortie du PS:Emmanuelli venait défendre leur projet (NPS)dans l'Aisne.Aujourd'hui,nous pouvons parler de la transparence,mot grossier à l'époque.Emmanuelli a fait un discours lisse,que s'était-il passé:problèmes de santé ou amené à rentrer dans le rang?
A partir de là,Mélenchon a commencé le parcours d'un homme aigri.Ce qui le désert depuis.Il a une revanche à prendre,ses interventions ont ressemblé à celle de G.Marchais,ce qui a fini de le rendre impopulaire.Il ne pourra plus revenir en arrière sauf peut-être dans l'élection locale de Marseille qui a été longtemps à gauche avec Gaston Defferre.

Even a dit…

Villani, le matheux - 1 - 0 - Mélenchon , le maté

V C a dit…

Tout ce qui est excessif est ce que chacun sait. JLM a tenu là des propos excessifs dignes d'un "provo". EM répond par un message quasiment tout autant versé dans l'excès.
Ce qu'il aurait pu faire en lieu et place, c'est rapporter ce qu'en a dit CV.
CV me paraît bien assez intelligent pour répondre lui-même aux provocations et aux provocateurs.

Emmanuel Mousset a dit…

1- Un principe inaliénable chez moi : toujours riposter à hauteur de l'adversaire, sur son terrain, et même un petit degré au-dessus.

2- Un autre principe inaliénable chez moi : ne jamais reprendre les propos des autres, partir de mon propre point de vue.

Mais à chacun ses principes, j'en conviens. Il y en a même qui n'en ont aucun, ce qui est plus simple pour eux.

Philippe a dit…

Mais attention ! Bémol ! REM donne des armes aux grossiers et lourdingues !
Le dégagisme d’un Mélenchon et les vannes du même ou d’un Collard ne peuvent que voir leur succès d’audience populaire croître très rapidement.
Ils vont rapidement faire des émules en nombre !
Recycler les personnages éthiquement douteux initialement ministres au Parlement à des postes parlementaires clés ne va pas aller dans le bon sens.
Recycler des personnages frôlant l’âge de la retraite à des postes financièrement juteux incontrôlable quant à la réalité du travail effectué aura pour effet … le fameux … tous les mêmes tous ... etc. ci-dessous
http://actu.orange.fr/politique/segolene-royal-recasee-par-emmanuel-macron-magic-CNT000000K0Sxw.html
La République et la démocratie sont souvent mises à mal de l’intérieur, les autres ne font qu’utiliser les opportunités offertes par les précédents.
Qui sont les plus responsables ?
Des Macron, des Ferrand, des Bayrou, des Fillon … j’oublie des Cahuzac … ou bien des Le Pen, des Mélenchon, des Collard etc.
Coluche aurait conclu : Voilà une question qu’elle est bonne !

Erwan Blesbois a dit…

Et toi qui ironisais sur Philippe et moi lorsque nous prédisions la mort du PS il y a environ 6 mois ou un peu plus ! Qui avait raison avec le recul, hein qui ? Reconnais au moins ta défaite sur le plan des idées sur ce point précis. Il était évident que deux partis de même idéologie libérale-libertaire comme la REM et le PS ne pouvaient coexister ensemble, et Mélenchon n'a aucune responsabilité dans la disparition d'un des deux clones, puisque lui propose une offre politique différente de sensibilité sociale-libertaire. On pourrait aussi voir la nouvelle dichotomie qui se dessine, entre les sociaux-souverainistes (de droite et de gauche, FN et FI) contre les libéraux-mondialistes de droite et de gauche (LR et la REM). Reste que l'antagonisme idéologique entre FN et FI ne permettra sans doute jamais leur alliance, si c'était le cas on parlerait alors certainement d'une coalition "populiste rouge-brune" avec dégoût de la part des médias censés nous informer avec neutralité sans parti pris idéologique libéral (le libéralisme étant un genre de dogme nous garantissant selon la doxa : "le moindre mal").
Ce qui laisse certainement encore de beaux jours à la coalition de la REM avec les constructivistes de droite. Il serait logique que ce qu'il reste de l'aile droitière de LR, disparaisse à terme, supplanté par le discours plus radical concernant la question de l'immigration proposé par le FN. C'est d'ailleurs la question de l'immigration et du sort des migrants qui ne mettra certainement jamais d'accord le FN et la FI, bien que les points de convergence entre ces deux partis soient selon moi plus grands que leurs points de désaccord.

V C a dit…

Un autre principe inaliénable chez moi : ne jamais reprendre les propos des autres...
Sans blague ?
Et que sont les termes suivants dans votre intervention initiale sinon une reprise de propos :
"résistance ! résistance !"... "J'ai vu le matheux, je vais lui expliquer ce que c'est qu'un contrat de travail et il va tomber par terre. Il ne le sait pas tout simplement. Il ne sait pas que la journée de 8 heures, c'est 100 ans de luttes. Le gars, il croit que ça a été toujours comme ça".
Allez, vous vous êtes échauffé aussi un peu et on ne vous en voudra pas tant que ça pour cette contradiction...

Emmanuel Mousset a dit…

Mon billet n'est pas une reprise mais une critique des propos de Mélenchon. C'est d'ailleurs ce que vous me reprochez, en me conseillant de m'en tenir à la réponse de Cédric Villani.

Anonyme a dit…

Mélenchon est sans doute plus cultivé que Villani

Maxime a dit…

Qui doit aussi être plus cultivé que vous.