lundi 5 juin 2017

Je n'aime pas Michel Onfray




Michel Onfray est un philosophe qui plait. Ses livres font de grosses ventes, ses passages à la télévision sont fréquents. Cette semaine, il est à la une de L'Obs, de Valeurs Actuelles et du Point. Michel Onfray plait donc à la gauche, à la droite, à un peu tout le monde. BHL, médiatique lui aussi, a souffert de régulières et violentes critiques, jusqu'à se faire entartrer. Ce n'est pas Onfray qui subirait une telle humiliation. Pourquoi Michel Onfray est-il autant aimé ? Pourquoi est-ce que je n'aime pas Michel Onfray ?

D'abord parce qu'il n'est pas vraiment philosophe. Penseur, essayiste, intellectuel, assurément. Professeur de philosophie, oui, pendant 20 ans, dans un lycée privé catholique. Mais philosophe, techniquement non. Un philosophe est un inventeur de concepts, en charge de comprendre le monde. Pouvez-vous me citer un seul concept qu'Onfray aurait créé ? Non. Le constat n'enlève rien à la qualité et à l'intérêt de sa pensée, mais le fait est là. Onfray est un polygraphe furieux, un polémiste de talent, auteur de plus de 80 ouvrages, d'une grande diversité, dans lesquels on retrouve les mêmes obsessions, mais pas une unité ni un progrès conceptuels.

Son ouvrage le plus abouti pour l'instant, "Cosmos", paru en 2015, est à l'image de ce foisonnement. On y trouve un peu de tout, comme à la Samaritaine : l'œnologie, les tsiganes, les anguilles, la zoophilie et j'en passe ... L'érudition impressionne, mais la compilation de notes inquiète. Les références sont nombreuses, mais peu précises. La forme est donc contestable. Le reproche serait encore mince s'il n'y avait le fond : la pensée de Michel Onfray est littéralement effroyable.

C'est d'abord une pensée de mort, mortelle, morbide, mortifère. "Cosmos" commence par une préface intitulée : "La mort. Le cosmos nous réunira". Son dernier livre, "Décadence", est sous-titré : "Vie et mort du judéo-christianisme", et sa préface : "Métaphysique des ruines. Même la mort meurt". Mort et néant sont les mots qui reviennent constamment dans ces deux ouvrages d'Onfray. Voilà l'ultime phrase de la conclusion dans "Décadence" : "Le néant est toujours certain". Pensée de la mort, pensée du néant, pensée effroyable pour moi, qui me situe du côté des philosophies de la vie, pas de la mort.

Il y a pire qu'une pensée de mort : c'est une pensée du mal, une pensée luciférienne. Je ne force pas le trait : il faut lire le chapitre 2, dans la deuxième partie de "Cosmos". Il s'intitule "Philosophie de l'anguille lucifuge", il défend une vision de l'homme abominable. Michel Onfray est fasciné par le noir et gluant animal. Pour lui, nous ne sommes évidemment pas des fils et des filles d'Eve, mais du serpent. L'homme descend moins du singe qu'il ne remonte de la vase. Onfray, c'est une esthétique de la laideur et du dégoût. Sa philosophie se ramène à la biologie : "Le programme du vivant : naître pour mourir, s'activer pour réaliser le plan de la nature et mourir, se croire libre, se dire libre, tout en avançant en aveugle dans la vie qui nous veut plus que nous ne la voulons et mourir" ("Cosmos", édition de poche, page 220).

Michel Onfray ne croit pas en la liberté, mais en la puissance. Il voit l'homme en prédateur, comme n'importe quel autre animal. Son monde est fait de ténèbres et de démons. Cet étrange matérialiste accorde une part prépondérante à la religion dans le développement des civilisations. Il affirme que Jésus n'a jamais existé (aucun historien ne soutient sérieusement cette thèse), il prétend que saint Paul était un impuissant sexuel (page 68 de "Décadence"), il rapproche le christianisme et le nazisme, parce Hitler cite, dans Mein Kampf, l'évangile des marchands du Temple, que le philosophe traduit par cette formule consternante : "Le fouet du Christ deviendra chambre à gaz" (page 475).

La pensée de Michel Onfray est souvent obscène, indécente, voyeuriste. Il jouit d'une sorte de description maladive du réel, se complait dans ce qu'il condamne, nous assène des détails inutiles. Un sommet est sans doute atteint dans "Cosmos", lorsqu'il s'épanche sur la perversion zoophile : "Un homme qui sodomise une poule, déchire son orifice, puis la décapite pour ressentir la contraction de son anus autour de son sexe équivaut d'un point de vue éthique à l'éleveur industriel promoteur d'un élevage en batterie" (pages 376-377). L'écriture n'est pas innocente : cette seule phrase m'interdit d'aimer Michel Onfray, l'homme et sa pensée.

Je n'aime pas Michel Onfray, je viens de résumer trop brièvement pourquoi. Mais pourquoi tant de gens l'aiment, le lisent, l'écoutent, le suivent ? Parce que Michel Onfray est de notre époque, il en est le miroir parfait, il répond complètement aux aspirations de l'homme d'aujourd'hui. Je me sens beaucoup moins de notre temps que lui. Il aime tout ce que le monde aime, tout ce qui est à la mode : l'œnologie, les haïkus, le land art, la préhistoire, le chamanisme, la vie à la campagne ... Surtout, Onfray est le penseur de la radicalité, du rejet, du ressentiment : il n'aime pas le judéo-christianisme, la Révolution française, le marxisme, Mai 68, Sigmund Freud, le surréalisme ... A une époque où l'on déteste les élites, Onfray déboulonne les idoles, et plait.

Michel Onfray donne à l'individualisme contemporain ses lettres de noblesse et son assise philosophique. Ce sont les dernières lignes de "Cosmos" : "Avec cette poignée de maximes existentielles qui constituent un mode d'emploi de soi avec soi et pour soi, sans qu'il soit question d'autrui, il s'agit de permettre à chacun de se mettre au centre de lui-même - tout en sachant que le cosmos s'y trouve déjà". Avec Onfray, le moi actuel s'élargit aux dimensions de l'univers, dans un autisme métaphysique parfait : étonnez-vous que l'homme d'aujourd'hui accourt aux conférences de Michel Onfray et dévore ses gros ouvrages !

Le moi, le monde : reste à déloger Dieu, l'ennemi absolu aux yeux de Michel Onfray. Depuis longtemps déjà, la plupart des intellectuels français sont athées. Mais Onfray est plus que cela : athéologue, selon son néologisme (le "Traité d'athéologie", en 2005, est sa meilleure vente, 300 000 exemplaires !). Il ne se contente pas de ne pas croire en Dieu, il le combat, et tous les dieux de toutes les religions, qu'il veut chasser du monde. Ce n'est pas tant leur inexistence qui le préoccupe que leur danger. De ce point de vue, Michel Onfray colle parfaitement à la société française, où 60% des gens se disent athées, et 6% seulement pratiquent le culte catholique. Onfray est le tout premier penseur de la société sans Dieu(x), de l'effondrement de la religion.

C'est d'ailleurs un tournant historique : jamais l'humanité jusqu'à présent n'avait pu se passer de religion ; elle croyait plus ou moins en l'existence d'un autre monde, d'une transcendance, de forces surnaturelles qui la dépassent. C'est terminé : l'homme ne croit plus qu'en lui-même et Michel Onfray lui donne totalement raison. Pourquoi ne voudriez-vous pas aimer un tel penseur, en sympathie avec ce que nous sommes devenus ?

Je vous recommande vivement d'acheter, de lire, d'écouter Michel Onfray. Il est intelligent, intéressant, parfois passionnant. Et peut-être qu'à force de le lire ou de l'écouter, vous cesserez, comme moi, de l'aimer. C'est en tout cas ce que je vous souhaite.

36 commentaires:

M O a dit…

Bref vous êtes un dévot du Président de la République et vous ne pouvez pas sentir en peinture l'animateur de l'université philosophique d'été de Caen.
Ma grand'mère préconisait : "Ce n'est pas un motif suffisant d'essayer de dégoûter les autres de ce que vous n'aimez pas. Laissez à autrui l'option de se former une opinion par soi-même".
Et vive la République...

Erwan Blesbois a dit…

"Michel Onfray ne croit pas en la liberté, mais en la puissance. Il voit l'homme en prédateur, comme n'importe quel autre animal." Il faudrait ajouter pire que n'importe quel autre animal. Aux XVIIIème et XIXème siècles, on pouvait croire encore en la liberté avec enthousiasme, aujourd'hui c'est faire preuve de naïveté ou d'inconscience. On a vu que l'Homme a besoin avant tout de limites, et c'est ce qui fait son humanité, sinon il se comporte comme une "bête sauvage".
De plus la société libérale-libertaire qui ne met aucune limite, encourage les comportements prédateurs, comme si chaque individu n'avait aucun compte à rendre à l'ensemble de la communauté, genre d'irresponsabilité collective et qui fait le jeu du pouvoir et que toi tu nommes liberté : cela engendre des phénomènes qui tendent à se généraliser, comme la prédation économique à tous les échelons de la société (l'extension du domaine de la lutte), et la destruction de l'environnement.
Même si toi tu constitues une exception en étant peut-être un individu raisonnable égaré dans un monde de fous, de déséquilibrés et de suiveurs, ainsi qu'une poignée de philosophes issus du XVIIIème siècle des Lumières qui ont cru que l'Homme pouvait se définir comme un animal raisonnable, les guerres et les génocides du XXème siècle ont apporté un démenti spectaculairement tragique à cette définition.
Nous sommes entrés depuis longtemps dans l'ère du soupçon en ce qui concerne le primat de la raison dans la définition de l'Homme. Avoir par le destin et par la chance eu la vocation de représenter officiellement la part raisonnable de la nature humaine en étant professeur de philosophie, n'exclut nullement par moments au moins de faire preuve de lucidité, même si visiblement tu as choisi d'adopter un autre style : une ligne claire résolument optimiste, peut-être un vieil héritage tintinophile mais qui se fait dans le déni du réel, ou en tout cas dans l'occultation plus ou moins consciente de ses aspects les plus inquiétants.
Bref Onfray est tout de même un penseur profond, car il n'occulte aucun des aspects inquiétants du réel, et même ce que tu sembles lui reprocher, il peut en faire volontiers ses délices. Il y a peut-être une complaisance vis à vis du malheur et de la violence de la part d'Onfray, mais cela en fait aussi un philosophe de son temps et par ailleurs intemporel, alors que toi tu revendiques un manque de profondeur assumé, qui fait de toi un philosophe hergéen de la ligne claire. Un philosophe sans pessimisme, ni noirceur, ni profondeur, ni violence, ni malheur, donc qui dépeint une vision du réel sans réalisme.
Ou encore Onfray tente une peinture naturaliste du réel, quand toi tu te contentes d'une BD militante qui n'a peut-être pas vocation à représenter le réel tel qu'il est mais tel que tu l'as toujours voulu dans ton esprit.
C'est ce qui fait la différence entre un philosophe-artiste comme Onfray et un philosophe-militant comme toi.

Emmanuel Mousset a dit…

1- Je n'ai pas besoin de vous dégoûter d'Onfray : il le fait très bien lui-même (voir mon commentaire ci-dessous). Et je ne vois pas ce que Macron vient faire là-dedans.

2- Le réel est ce que nous en faisons (c'est à peu près ce que pense Nietzsche). Onfray fait du réel un cloaque livré à la puissance et à la fatigue : dominer, se reproduire, crever, voilà sa philosophie. Mon réel est fait de beauté, de joie et d'éternité (en m'excusant par avance auprès des lecteurs qui crieront à une telle prétention, qui passe pour indécente et obscène à l'heure où le pessimisme, le ressentiment et la médiocrité sont de rigueur).

Anonyme a dit…

Ce billet et onfray me rappellent une chanson de Gainsbourg : Ce mortel ennui.
L'exact contraire de Macron, ouf !

Emmanuel Mousset a dit…

Je ne crois pas que Onfray soit ennuyeux. Il y a au contraire quelque chose de terriblement divertissant dans sa pensée, là aussi en phase avec notre époque. En revanche, vous avez raison sur Macron : c'est l'anti-Onfray, par son regard bienveillant sur l'humanité, son optimisme, son sens de l'espérance.

Philippe a dit…

Onfray est un professeur de philo excellent pédagogue.
Quand nous l’écoutons nous sommes ses élèves.
Mais il est normal que nous ayons le désir de changer à la fois de pédagogue et de points de vue philosophiques.
Élèves volontaires nous pouvons changer de prof selon notre bon désir.
Il est même possible de mélanger les pédagogues et de passer de Onfray à d’autres en un temps très court … quand on est retraités … et que l’on soit bien équipés pour accèder à Youtube,, Dailymotion, Canal U etc.
Pourquoi vouloir à tout prix un seul « maître » à la fois ?
Pourquoi vouloir bruler l'un d'entre eux ?

Emmanuel Mousset a dit…

Oui, c'est une des raisons de son succès : pédagogie, clarté, simplicité, surtout à l'oral, qui font qu'on ne peut être d'accord avec lui. Mais un "maître", au sens ancien du terme, on n'en a qu'un seul.

yvesgerin a dit…

En tout cas Onfray est cohérent.il n'est plus un intellectuel d'etat se reposant sur un statut confortable et en béton Sa critique du miroir aux alouettes est celle d'une société ou dès rugbyman se prosternent devant Macron,l'idole du post capitalisme et des réseaux sociaux

Philippe a dit…

au sens de maître d'école

Erwan Blesbois a dit…

Tu ne vas quand même pas dire que ton "maître" est Olivier Chédin ?

Emmanuel Mousset a dit…

Non, Olivier Chédin a été une aide précieuse, un tuteur, pas un "maître" dont je pourrais suivre la pensée.

Erwan Blesbois a dit…

Alors qui ? Jésus ?

Emmanuel Mousset a dit…

Chédin est moins qu'un maître : c'est un professeur. Jésus est plus qu'un maître : c'est un Dieu.

Erwan Blesbois a dit…

C'est un maître qui se renouvelle par le corps mais demeure immuable spirituellement, c'est-à-dire qui porte le même esprit social-démocrate (moi je dirais libéral-libertaire) ? Rocard, DSK, Hollande et désormais Macron ?

Erwan Blesbois a dit…

Bon plus sérieusement on aura compris que ton maître est Nietzsche. Ce qui est bien avec Nietzsche, c'est que comme il laisse absolument toute liberté d'interprétation et même l'encourage sinon on est un mauvais lecteur de Nietzsche, il y a autant de possibilités d'interprétation que de bons lecteurs, c'est-à-dire un assez grand nombre. L'ironie est qu'Onfray et toi revendiquez le même "maître", et que cela débouche effectivement sur deux interprétations radicalement différentes, "irréconciliables". Reste à savoir si "ton" Nietzsche est réellement le tien ou "celui" de Kofman ? Effectivement ceux qui ont une forte interprétation de Nietzsche tentent parfois de l'imposer aux autres. Je dirais honnêtement que non, car à te lire cela ne ressemble pas à Kofman mais bien à Mousset. Pour paraphraser Nietzsche, comme c'est repris dans une publicité pour une eau de toilette, "tu es devenu ce que tu es".

Philippe a dit…

Concernant Jésus et d’autres certains parlent de « grands initiés ».
Pour s’y retrouver entre les termes maître, gourou etc. ici :
http://www.esoterisme-exp.com/Section_verseau/Religion/emile_masse.php
Bien entendu on peut discuter des heures sur le sujet avec des « cherchants », avec des « croyants » toute discussion est presque vaine ...

M O a dit…

Nietzsche, pourquoi pas...
Mais parmi les autres ?
Socrate, Platon, Spinoza, Descartes, Pascal, Kant, Sartre, Heideger, Camus et tant encore pour se limiter géographiquement à l'espace européen...
Rien à garder ?
Ne pas choir dans le réductionnisme.
On ne devient pas ce qu'on est, on devient ce qu'on essaie et si on n'essaie rien on reste rien voire moins que rien.

Erwan Blesbois a dit…

Tout à garder au contraire, mais Nietzsche est une cime, l'Everest de la philosophie, il n'en rejette aucun, les synthétise tous. C'est pour cela que derrière la forme la plus simple, la plus superficielle qui soit en apparence, se cache le fond le plus profond, le plus complexe de toutes les écoles de pensée.
Ce qui est très dur avec Nietzsche, c'est qu'il requiert la force de son lecteur, car lui-même excessivement sensible et intelligent, étant très faible physiquement, moralement et spirituellement, sujet à une grande instabilité émotionnelle, avait besoin de sentir ce soutien, cette force de lecteurs qu'ironiquement il n'a jamais eu de son vivant comme il le prophétisait. Ses meilleurs disciples, à l'instar d'Onfray ou de Mousset, ironiquement tous deux de la même origine sociale, sont donc des gens qui ont une très grande force intérieure, peu importe l'origine de cette force, qu'elle soit populaire, bourgeoise ou aristocratique. Mais pour ce qui est du résultat, Nietzsche avait pour ambition de former une caste d'"aristocrates" de la pensée.
Pour ce qui est du "deviens ce que tu es", c'est une idée que l'on trouve déjà chez Platon, avec sa théorie de la connaissance comme réminiscence, c'est-à-dire comme souvenir de quelque chose que l'on connaît déjà mais que l'on a oublié. Le rôle de la philosophie étant de faire rejaillir le souvenir de cette connaissance (lorsque nous étions pur esprit dans le monde des idées). Cela peut rappeler aussi la madeleine de Proust (lorsque nous étions petit enfant dans un rapport de symbiose avec notre mère).
Pour ce qui est du "reductionnisme", ce n'est pas moi qui le dit mais Emmanuel Mousset qui ne se revendique que d'un seul "maître". Après je ne pense pas qu'il ne lise que du Nietzsche, mais le connaissant, d'après ses dires et ses écrits, je suis prêt à parier une grosse somme que son seul "maître" est Nietzsche, le seul devant lequel il consentirait à s'incliner et reconnaître que sa pensée est infiniment supérieure à la sienne, au moins par respect, et même si la vocation de tout élève est un jour de dépasser le maître. Ce que Nietzsche d'ailleurs recommandait, ce dépassement, car il voulait former des Hommes libres, et non des suiveurs bénis-oui-oui d'une religion dogmatique, dogmatisme qu'il rejetait sous toutes ses formes. Aujourd'hui le dogmatisme nous vient de l'idéologie libérale-libertaire et de son culte du veau d'or, que Pasolini et Michéa dénoncent comme une nouvelle forme de fascisme beaucoup plus insidieuse et efficace que le fascisme originel : on l'a entraperçu à la façon dont Macron fut élu.
C'est là que je vois la contradiction entre la pensée de Mousset et celle de son maître, et que personnellement je préfère Mélenchon à Macron, car le premier est le seul à remettre en question l'idéologie libérale, et que nous ne pouvons plus attendre pour réformer les comportements sous un nouveau paradigme sociétal plus respectueux de l'altérité et de l'environnement. Mais qu'importe ! Emmanuel Mousset est un grand garçon, il sait ce qu'il fait du moins espérons-le !

Erwan Blesbois a dit…

Dernière chose : tu es libre d'admirer les élites, et de vivre dans la beauté, la joie et le sentiment d'éternité, mais en faire étalage est immoral et profondément choquant. J'espère que tu pèses bien tes mots quand tu affirmes de telles obscénités non politiquement correctes pour la majorité de nos concitoyens. Le malheur ou le bonheur ne sont pas de la responsabilité de chacun de nous, mais relèvent de la chance, du destin ou de la volonté collective non de la volonté individuelle. Nous vivons dans une société absurde qui fait le malheur des gens et ton bonheur, je préférerais une société qui fasse le bonheur des gens même si cela pouvait impliquer ton petit malheur personnel. J'irais même jusqu'à dire que c'est peut-être du malheur des gens que tu tires ta joie personnelle. Je ne développerai pas cette idée plus à fond, car je pourrais en retirer des réflexions sur le sadisme et la joie qu'il procure.

Emmanuel Mousset a dit…

"J'ai décidé d'être heureux, parce que c'est bon pour la santé", VOLTAIRE.

Erwan Blesbois a dit…

"C'est de l'enfer des pauvres qu'est fait le paradis des riches", VICTOR HUGO.

Emmanuel Mousset a dit…

Je préfère l'ironie de Voltaire au lyrisme de Hugo.

Erwan Blesbois a dit…

C'est normal que tu préfères Voltaire à Hugo puisque ton maître est Nietzsche.

Erwan Blesbois a dit…

Onfray dénonce avec force détails pour mieux les dénoncer toutes les formes de sadisme qu'ont pu générer le judéo-christianisme, la Révolution française, le communisme marxiste-léniniste, Mai 68, et qui sont à l'origine d'un mouvement comme le surréalisme. Il rejette le dogmatisme de la psychanalyse qui a fait la fortune de son maître et continue de la faire de ses très nombreux disciples, alors qu'il est prouvé qu'elle n'a jamais guéri personne, sauf par le pouvoir de suggestion ou effet placebo qu'elle peut procurer. Une telle escroquerie le dégoûte et c'est bien normal, tout comme Molière en son temps dénonçait l'escroquerie d'une médecine rudimentaire qui prétendait soigner le mal par un mal pire encore. Il est à noter qu'il ne rejette pas tout dans la psychanalyse mais avant tout la volonté d'hégémonie de son maître officiel et du statut de gourou que cela lui confère. Il y a en outre une part de sadisme dans la relation entre un psychanalyste et son patient, parce que c'est une relation tout comme en régime libéral, qui repose sur l'exploitation pécuniaire du plus faible des deux protagonistes, et donc en forçant le trait qui peut reposer aussi sur l'émotion sadique du fort sur le faible (effectivement les psychanalystes sont tous globalement d'une classe sociale élevée, ce qui n'est pas le cas de tous leurs patients, d'ailleurs Freud prétendait que les gens du peuple étaient incurables). En plus d'être une médecine inefficace, la psychanalyse est une médecine de classe, ce n'est pas une médecine pour le peuple.
Onfray a avant tout un profond dégoût du sadisme, c'est ce qui explique ses descriptions détaillées d'un tel phénomène proprement humain, pour mieux évacuer les émotions qu'il lui inspire. Donc ce n'est pas de la complaisance, mais plutôt un genre de catharsis par le langage. Mieux vaut faire étalage par le langage du dégoût que peut nous inspirer une émotion mauvaise comme le sadisme, plutôt que d'en faire usage dans les relations humaines. D'autres l'ont fait par l'image comme Pasolini, que l'on ne peut pas non plus suspecter de complaisance pour un tel sentiment, mais bien plutôt pour montrer que les rapports de classes reposent avant tout sur ce sentiment, avant même la volonté d'enrichissement indécent il y a la volonté d'humilier autrui, il y a le sadisme de l'oligarchie et le masochisme plus ou moins conscient des masses moutonnières. Effectivement certains exploités peuvent finir par éprouver un certain plaisir au plaisir de leurs maîtres bobos sadiques médiatico-culturels.
C'est cela que tu ne veux pas comprendre et qui explique l'humiliation de plus en plus grande de couches croissantes de la population. Dans une telle logique de l'humiliation cela ira jusqu'à l'explosion finale, car les réels masochistes sont heureusement une minorité au sein de la masse globalement opprimée et exploitée, à moins de rompre radicalement avec cette logique. On n'en prend pas le chemin avec Macron selon moi.

V P a dit…

J'ai encore pu écouter M Onfray ce midi sur France Culture : rien de ce qu'il dit n'est à rejeter, tout est sensé, tout est concordant.
Le seul bémol : il refuse d'aller voter aux législatives.
Et je pense qu'il faut y aller, même pour déposer un bulletin blanc ou voter nul.
La démocratie, c'est voter afin de déléguer pour légiférer en lieu et place des citoyens, pas pour qu'ils se fassent commander par des autocrates et autres nouveaux seigneurs à la place des anciens seigneurs.

Emmanuel Mousset a dit…

Si vous votez blanc ou nul, vous ne déléguez rien du tout, vous pédalez dans le vide. Autant alors faire comme Onfray, c'est-à-dire ne rien faire.

yvesgerin a dit…

Les psychanalystes compétents peuvent apporter des bénéfices insoupçonnés.Mais sont minoritaires Quand aux psychologues diplômes ils n ont strictement aucune formation à la psychotherapie.Juste un jargon universitaire peu opérant,y compris sur eux meme.Combien d'héritiers légitimes de Freud et Lacan? A StQuentin comme ailleurs,très peu.Manu a déserté ce monde narcissique des psys.

Philippe a dit…

ou on pédale dans le vide ou on délègue pour 5 ans après avoir écouté des promesses souvent floues et dans le passé très médiocrement respectées.
alors pourquoi pas blanc ou l'abstention !

Emmanuel Mousset a dit…

Si vous n'arrivez pas à choisir dans le large panel de candidats, il ne faut vous en prendre qu'à vous-même.

M C a dit…

Les candidats dans la Rome antique portaient un vêtement blanc (d'où le terme les désignant) pour signifier qu'ils étaient purs de toute méchante intention et qu'ils se déclaraient au service du peuple. Il suffisait de s'habiller de blanc pour candidater. La candidature était une décision d'ordre personnel. On n'en est plus là : avec toute la procédure et les frais, la tenue des comptes de campagne, si un parti (ou un rassemblement de partis) n'est pas derrière, il n'est guère raisonnable de penser pouvoir se faire élire. Dans la Somme, un candidat offre des morceaux de savon aux électeurs... Pour laver la politique, dit-il.
Ou pour laver plus blanc que blanc comme disait la publicité et reprenait Coluche.
Le panel n'est pas aussi étendu qu'il y paraît : où est le candidat REM ?
J Dive, le REM ? Je me pince...

Philippe a dit…

M'en prendre à moi-même !
Vous savez il ne faut pas voir le monde qu'au travers du prisme de ses propres passions !
La politique politicienne ne m'intéresse pas suffisamment pour que je m'inflige une flagellation.

Emmanuel Mousset a dit…

MC, 13 candidats dans la circonscription, ça ne vous suffit pas ? J'aurais plutôt tendance à penser qu'il y en a trop ...

M C a dit…

Dans le XVIIIème de Paris, on en dénombre 26.
Où est le problème ?

Emmanuel Mousset a dit…

On finit par s'y perdre, et les indécis (dont je ne fais pas partie) sont encore plus indécis. Mais je préfère l'excès au défaut.

Anonyme a dit…

Joseph P.

"Les candidats dans la Rome antique portaient un vêtement blanc (d'où le terme les désignant) pour signifier qu'ils étaient purs de toute méchante intention et qu'ils se déclaraient au service du peuple. Il suffisait de s'habiller de blanc pour candidater."

Aux temps de la Rome antique, les élections coûtaient déjà très chères. On peut le voir dans les élections des membres du sénat (voir les écrits de Ciceron par exemple).

Anonyme a dit…

En ce qui a trait au mortel ennui mentionné dans les commentaires. Effectivement cela est juste, puisque j'associe sommeil à ennui. Il m'appert donc que Michel Onfray stimule l'éveil, alors que le contraire c'est de favoriser le sommeil. L'on peut en conclure que l'éveil mène à l'action alors que le sommeil me favorise que le rêve.

Or, si Michel Onfray trahi l'art de la philosophie, c'est que la définition que l'un donne à la philosophie est trop étroite.