jeudi 10 mars 2016
Twitte et tais-toi
Je me fais vieux, l'ambiance des débats politiques a changé, je ne m'y retrouve plus. Où sont les salles surchauffées d'antan, où l'on s'interrompait, se sifflait, s'invectivait, où l'on en venait parfois aux mains ? Mais après tout, c'est peut-être mieux maintenant, plus calme ... Cette réflexion me vient en lisant L'Aisne nouvelle d'aujourd'hui, le compte-rendu du débat à Gauchy entre les neuf candidats à l'élection législative partielle de dimanche prochain.
Le plus surprenant, c'est moins d'abord les échanges entre les postulants que l'attitude du public, silencieux, tête baissée, comme les fidèles en prière ou les cyclistes dans le guidon. Non, pas de fatigue ni de résignation, mais de la concentration : ce sont des twittos en pleine activité, tout dans les doigts, en train de pianoter sur leur clavier de téléphone mobile (l'oreille ne sert plus à grand chose). Ce sont des réactifs : ils ne sont pas candidats mais s'invitent dans le débat.
Une culture politique nouvelle est en train de naître, sous nos yeux, ou plutôt sous nos doigts. C'est un mixte d'esprit jeun's (même quand on a 60 piges) et de prurit rigolard, plein de LOL et de MDR (jusqu'aux pseudos qui sont rigolos). Après la victoire en chantant, c'est la politique en se marrant. Certains font même des selfies : coucou, c'est nous ! Il faut bien vivre avec son temps.
A la fin, le silence s'est brisé sur quelques paroles chantées de L'Internationale, seule concession au passé. Corinne Bécourt, communiste rebelle, est incorrigible ! Les premiers rangs de l'assistance étaient occupés par la droite, Madame le Maire en tête, les seconds rangs par les socialistes. L'ordre d'arrivée de dimanche soir ? Pas de doute : pour occuper les places, la droite est la plus forte.
Et les candidats, qu'ont-ils donné ? L'Aisne nouvelle a saisi au vol quelques traits de leur personnalité, qui font là aussi réfléchir. Julien Dive : copié collé de Xavier Bertrand, mais pas encore JD. Anne Ferreira : effacée, mais c'est sa tactique assumée de la femme invisible, pour tromper et vaincre l'ennemi. Corinne Bécourt et Anne Zanditénas : plus militantes que candidates ou politiques.
Michel Magniez : d'après le journal, c'est "la révélation de la soirée". Sa capacité à twitter tout en participant au débat a fait sensation : super-twitto, c'est lui ! Comme Napoléon, il peut faire plusieurs choses en même temps. On n'en attendait pas moins d'un professeur en expression-communication. Aïe, aïe, aïe, sa bonne prestation va exciter les jaloux et lui valoir des ennemis. Michel peut aller loin, si les petits cochons ne l'ont pas mangé avant.
Pour le contenu des échanges, je vous laisse lire les articles de presse. Une seule remarque : la loi El Khomri, dont on parle beaucoup ces temps-ci, a fait l'unanimité contre elle, y compris chez la candidate socialiste, qui a quand même précisé que le gouvernement avait fait de bonnes choses. Ouf !
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6 commentaires:
"Où sont les salles surchauffées d'antan, où l'on s'interrompait, se sifflait, s'invectivait, où l'on en venait parfois aux mains ?"
Où sont en effet les citoyens qui en 1848 payaient leur entrée pour assister aux débats auxquels ils pouvaient participer ?
Ce qui est essentiel n'est pas de s'invectiver, s'interrompre, siffler, en venir aux mains mais d'être citoyen.
Où sont les citoyens ?
L'Ecole, qu'avez-vous fait ?
En 1848, après Guizot, il y avait des citoyens au moins dans les grandes villes.
En 2016, que sont les citoyens devenus ?
Anne Ferreira a gagné mon vote en se positionnant contre la Loi el Khomri.
Un vote ne se gagne pas, il ne se joue pas sur une réforme ou sur une personne, mais il est le produit d'une conviction souvent ancienne. Le vôtre est fragile et aléatoire, pour qu'il soit ainsi motivé. Le mien est indéfectible : je vote Ferreira, bien qu'elle soit hostile à la loi El Khomri. C'est toute la différence entre vous et moi.
A quand les 140 signes et pas plus à votre commentateur Erwan...
Vous racontez n'importe quoi.
Mes convictions ont certes évolué, mais j'ai toujours été en opposition à la ligne dite social-démocrate du PS. Nouveau venu dans la région, je ne connaissais pas Anne Ferreira.
Mais mes convictions politiques évoluent bel et bien, car l'environnement évolue, le pays évolue. Par exemple, je suis aujourd'hui plus sensible à la question écolo qu'il y a 20 ans.
Vous me confirmez en tout cas que vos convictions sont anciennes et indéfectibles. Je l'avais constaté.
Alors, puisque vous êtes un nouveau venu dans la région, tout est pardonné. Et bienvenue !
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