lundi 21 mars 2016
Rien ne change et tout change
Quel bilan peut-on faire de l'élection législative partielle dans la circonscription de Saint-Quentin, qui a vu hier soir la victoire attendue du candidat de la droite, Julien Dive, contre la candidate de l'extrême droite ? A priori, aucun bilan particulier, puisque rien ne change sous le ciel de notre ville : la droite, depuis plusieurs années, l'emporte à chaque fois, élections après élections. Rien ne change non plus du côté du Front national, qui confirme à chaque scrutin sa montée en puissance. Rien ne change enfin pour la gauche, qui se voit reléguée à plusieurs reprises au second plan, n'arrivant même pas à survivre au premier tour. Morne et désespérante plaine, quand on est socialiste.
Pourtant, tout change, si on y prend un peu garde, même si ces changements ne sont pas pour l'instant flagrants ou perceptibles. Leurs conséquences viendront, en leur temps. A droite surtout, tout change. Une nouvelle génération arrive, s'installe, rajeunit son personnel politique, le maire d'abord, le député ensuite. Bien sûr, Xavier Bertrand est toujours là, président de la communauté d'agglomération et icône de la droite. Mais il n'est plus tout à fait là et le sera de moins en moins, pris par la présidence de la grande région. Et puis, c'est dans la logique d'un nouveau pouvoir de s'émanciper, de manifester son indépendance. On l'a bien vu à travers les premières décisions de Frédérique Macarez. La fidélité à Xavier Bertrand restera totale, parce que c'est l'une des conditions du succès électoral de la droite. Mais il y aura forcément autonomie à son égard, nouvelle ambiance, nouvelle perspective politique. La droite locale, en l'espace de deux mois, a tourné une page de son histoire.
Et la gauche ? On a l'impression que rien ne change, que les têtes sont les mêmes depuis au moins dix ans, que les défaites succèdent aux défaites, que la division laisse place à la division. C'est une apparence qui ne peut pas durer longtemps. On ne sort jamais indemne d'un échec électoral, surtout lorsqu'il est à répétition. On ne peut pas faire comme si rien ne s'était passé ou faire porter la faute sur d'autres. La grande vertu de la politique, au milieu de tant de vices, c'est qu'on n'échappe pas à ses responsabilités. La gauche elle aussi va connaître le changement, même si je suis bien en mal de vous dire lequel. Imagine-t-on Anne Ferreira et Stéphan Anthony, battus en 2012, battus en 2016, se représenter en 2017 ? Il y a des limites à l'inconscience. Imagine-t-on la gauche continuer à se disperser dans une multitude de candidatures ? Il y a des limites à la pulsion suicidaire.
La démocratie vit de l'alternance. A Saint-Quentin, il est inconcevable qu'une famille politique, qu'un parti de gouvernement soient exclus de toute responsabilité, n'aient aucune influence sur la vie publique, ne participent pas aux grandes décisions. Et ce n'est pas quelques trois ou quatre malheureux élus d'opposition qui changent quelque chose en conseil municipal. Il n'est pas possible, sur le long terme, que le débat local soit monopolisé par le seul affrontement entre la droite et l'extrême droite.
Il y a ici un électorat socialiste non négligeable, de loin supérieur en nombre à toutes les autres forces de gauche. Il y a aussi de nombreuses personnalités de gauche, même si elles ne s'affichent pas publiquement comme telles : elle sont bien intégrées dans la vie locale, exercent une influence. La droite souvent les récupère, les ramène vers elle, parce que c'est de bonne guerre, parce que la gauche, de son côté, ne songe pas à les solliciter. Mais le vivier existe, les ressources sont intactes, plus importantes qu'on ne le croit.
Il y a un potentiel de gauche dans cette ville qui vote à gauche aux élections nationales, mais qui fait défaut aux élections locales. L'héritage est là, mais pas d'héritier qui le capte et le fasse prospérer. Cette situation n'est ni vivable, ni tenable. La politique ne connaît pas le vase clos. Les événements agissent sur les personnes. Tout finit par changer, même quand on veut que rien ne change. En démocratie, c'est l'électorat qui fait la loi : les politiques suivent, s'adaptent. La gauche locale va changer, la question ne se pose même pas. Mais nous ne savons pas quand, comment et avec qui.
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5 commentaires:
Dans les années 50 le PC était à plus de 20 % ; actuellement c'est le score du PS .... et maintenant le PC est difficile à évaluer ... Mais sur une pente bien mauvaise et à un niveau de moins de 5 % .... Est ce l'avenir du PS ...
Lancez-vous donc dans l'arène politique et vous verrez que les choses sont moins faciles que derrière son clavier d'ordinateur. Allez donc défendre la politique libérale de Valls-Macron auprès des électeurs qui n'ont pas voté pour cela, encore moins pour la Loi-Travail attribuée à Madame El Khomri qui va précariser les salariés, vous comprendrez bien plus le pourquoi des échecs successifs de la gauche dont votre parti quelques soient leurs représentants.
Combien de temps encore, vas-tu t'en tenir à la toute petite politique politicienne locale, où le PS n'a pas d'avenir. Tu vas te rendre malade, c'est une voie sans issue pour le PS, qui a tout faux dans sa politique au plan national avec "la loi El Khomri", même si dans son intitulé, elle porte la marque de la diversité ethnique française contemporaine, moderne et sociétale. La diversité suffit-elle à légitimer un loi, qui dans ses fondements n'est qu'un succédané du capitalisme mondialisé, automatisé, sans régulation, et qui automatiquement aboutit à la destruction des emplois. Comme l'automatisation va continuer à détruire des emplois, il faudrait désormais se poser la question d'un autre modèle économique, que le modèle du libéralisme dérégulé et du dogme de la croissance.
Nos politiques en tout cas semblent vivre encore en l'an 1983, avec l'acceptation du libéralisme, et sa dérégulation selon eux nécessaire, et dans cette logique libérale, désormais en 2016, par la destruction du code du travail, et le dogme de la croissance, sans aucunement tenir compte des avancées de la technologie et de la robotique qui suppriment des emplois humains, sans parler de l'"intelligence artificielle". Ils n'en parlent jamais, ils sont totalement largués.
Mais les avancées technologiques ne sont elles pas telles, qu'elles pourraient dès maintenant aboutir à un changement de paradigme politique et économique, mettre fin au libéralisme économique dérégulé, au dogme de la croissance et l'instauration d'un salaire universel ?
Non ces questions, le gouvernement ne se les pose pas, il préfère réfléchir dans une logique post1983, qui a établi pour les deux grands partis français de gauche et de droite, le dogme libéral comme un incontournable.
Dans ces conditions, ou bien tu continues dans ta région à t'enfoncer avec ton parti dans un marasme inquantifiable, ou bien tu quittes ta région et viens t'installer dans une région où le PS a encore un peu d'avenir, ou dernière solution tu cesses de t'intéresser à la petite politique politicienne dérisoire de ta ville.
Bon, E.M., ce n'est pas la ruée !!!
1/3 des inscrits se sont déplacés.
Ce type d'élections n'attirent jamais les foules.
Ces dernières années seules les présidentielles attirent vraiment, quasi 80% … les français élisent le Roi, les législatives générales beaucoup moins 50 % … à la louche …
Régime très fragile d'enfants immatures et pleurnichards qui élisent un Roi, père protecteur …
Le Roi, comme parade, demande à ses enfants agressés par une minorité trop active de tendre l'autre joue …
Vont-ils pleurer en tendant l'autre joue ou faire face … comme les kurdes (hommes et femmes) ?
complément
Ces immatures "vont-ils pleurer en tendant l'autre joue ou faire face … comme les kurdes (hommes et femmes) ?"
Ou vont-ils entendre ce que nous ... explique ... des Kamel Daoud, Boualem Sansal,Mohamed Sifaoui etc.? mais aussi Kadra ! et au final Michel Onfray
et agir efficacement contre les prêcheurs d'une interprêtation haineuse du Livre bien à couvert dans certaines mosquées ou écoles coraniques
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