mercredi 23 mars 2016

Nous sommes tous des naïfs




Les Allemands sont disciplinés, les Italiens parlent beaucoup, les Portugais sont travailleurs, les Polonais sont souls (comme des Polonais), les Turcs sont forts et les Belges sont ... naïfs. J'arrête là cette revue des clichés les plus lamentables (et il y en a de pires) décernés à certains peuples. C'est de la bêtise pure et simple. Quand des hommes politiques en sont les auteurs, c'est encore plus grave.

Samedi dernier, après l'arrestation de Salah Abdeslam, le député Alain Marsaud (Les Républicains) accuse les services de renseignement belges de "naïveté", allant jusqu'à les rendre responsables des 130 victimes des attentats parisiens. Hier, c'est le ministre Michel Sapin qui utilise le même terme, "naïveté", à l'encontre de la classe politique belge, coupable à ses yeux du communautarisme qui s'est installé dans le quartier bruxellois de Molenbeck. Se sont-ils donnés le mot ?

La bêtise n'a ni frontière, ni camp : elle frappe aussi bien à gauche qu'à droite. Sa chanson est identifiable : c'est toujours la faute aux autres. Franchement, en matière de renseignement, sommes-nous vraiment plus malins que les Belges ? Et en ce qui concerne les ghettos qui se développent dans certains quartiers de notre pays, avons-nous des leçons à donner à nos voisins ? Marsaud et Sapin pensent que oui, parce que ce sont des malins, eux, qui savent ce qu'il faut faire ...

La bêtise ne mérite que le silence. Ce soir, je préfère laisser la parole à l'image : un ami m'a transmis cette très belle photo de la tour Eiffel, hier soir, aux couleurs de la Belgique. Nous étions Charlie, nous étions Paris : aujourd'hui, nous sommes tous des naïfs.

3 commentaires:

Erwan Blesbois a dit…

Bourdieu est en ce moment revu par ce que l'on fait de plus libéral et capitaliste dans le monde Facebook. Facebook et Google, avec Amazon et Apple, on les appelle le GAFA. Ils ne sont pas autre chose que des capitalistes pingres, ces types là haïssent l'éducation traditionnelle, et la France en particulier, car elle est un berceau de culture. Sur ce point Marc Desmeuzes voit juste (cf son commentaire dans mon blog, article "la "singularité technologique", croyance ou réalité ?). Il y a une malveillance américaine envers la France et sa culture et son école, qui pourraient faire penser les gens ; or les capitalistes libéraux radins ne veulent pas que les gens pensent mais veulent qu'ils surfent sur internet, et ce n'est pas la même chose.
Toute l'école française, les Bourdieu, les Deleuze, les Derrida, les Lyotard et j'en passe, ont fait très peur aux Américains, aux plus capitalistes d'entre eux. Aujourd'hui ils sont rassurés, la France est en plein déclin, sans grande cohérence intellectuelle, c'était le but recherché par l'effondrement programmé de l'école en France, qui a commencé avec mai 68, dont le sens originel a été dévoyé, puisque son sens originel était une libération, pas un aliénation par le libéralisme économique dérégulé, ce qui pourtant est, ce à quoi cela a abouti. Au fond les Anglo-saxons nous ont toujours considéré comme leurs pires ennemis, nous les Français. La fuite des cerveaux vers les pays anglo-saxons est un désastre pas une opportunité. C'est pour cela que je lis Zemmour et Finkielkraut, qui comprennent bien ce qui est en train de se passer, Eric Zemmour et Alain Finkielkraut sont des résistants, des héros.
La France c'est bel et bien (presque) fini, terminé, les Anglo-saxons nous ont terminé ! Et non pas du tout les islamistes, qui réagissent par une réaction violente.

Erwan Blesbois a dit…

Un conseil à tous les jeunes qui veulent se radicaliser, suivez l'exemple d'Abd Al Malik, qui lui aussi aurait pu "sombrer" dans l'activisme djihadiste. Eh bien, non, il est devenu artiste, donc c'est possible en France pour les musulmans, de s'en sortir par l'art. Et d'ailleurs Abd Al Malik comme Emmanuel Mousset dénonce dans une chanson cette facilité qui consiste à rejeter sur les "autres" ses propres carences ; en termes chrétiens on dirait "Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et n'aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil." Je vous livre juste un extrait de sa chanson "Les Autres" :

"Et puis du jour au lendemain, j'ai viré prêcheur
promettant des flammes aux pêcheurs et des femmes aux bons adorateurs
comme si Dieu avait besoin de ça pour mériter qu'on l'aime
(...) moi, j'continuais ma parodie, mon escroquerie spirituelle
sauf que, j'me carottais moi-même, j'étais devenu un mensonge sur pattes
qui saoule grave et qui sait même pas ce qu'il dit
qui voit même pas que c'est un malade et qui dit comme ça
tout le dit y dit comme ça....

Les autres, les autres, c'est pas moi c'est les autres..."

Erwan Blesbois a dit…

Le milieu toujours le milieu, la stratégie dans un monde hostile, et notre monde est hostile, comme jamais, est de se préserver du mieux qu'on peut, sinon l'esprit dégénère, malgré toutes les qualités génétiques prétendues du cerveau.
La perversion, c'est le mal du siècle avec la chute des grandes idéologies, religions ou communisme, croyances collectives dans le bonheur et le progrès pour le communisme, le positivisme, ou l'idéologie des lumières qui ont disparu. Reste le djihadisme qui pour ces raisons évoqués ne va cesser de monter notamment en France, c'est inexorable.
Le jeu du miroir est en réalité la "rivalité mimétique" chère à René Girard : je désire ce que l'autre a, ce que l'autre fait, je suis en rivalité perverse avec l'autre parce qu'il est le même que moi ; et dans tout groupe on recherche d'autant plus un bouc émissaire que les croyances collectives ont disparu.
Comme les musulmans ne veulent pas être les boucs émissaires de cette société perverse qui se dit démocratique, ils se radicalisent et ne cesseront de se radicaliser. Le terrorisme est donc un chancre qui va s'installer durablement très durablement dans la société française, c'est évident comme 2+2 font 4
Si notre société était réellement bonne et démocratique comme elle le prétend, les musulmans ne se radicaliseraient pas, ils vivraient leur différence et leur foi en toute quiétude.
C'est donc que notre société est perverse sous des allures de neutralité et de bienveillance, elle est en réalité possédé par un démon, et ce démon c'est le démon de la technique, j'emploie le terme "démon" au sens socratique, quelque chose qui nous possède, dans le cas de Socrate c'était l'intelligence, dans le cas de nos contemporains, c'est la technologie.