mercredi 16 mars 2016
Hauts-de-France
Le débat public en France est devenu, depuis quelques années, détestable. A vrai dire, il n'y a plus de réel débat, contradictoire, argumenté et constructif mais des polémiques, vaines, stériles, éphémères. Nous sommes bien loin des grandes controverses d'autrefois, qui avaient une véritable hauteur de vue et souvent belle allure. A quoi devons-nous cette dégradation du débat public ? Principalement aux réseaux sociaux. Il y a une concomitance entre leur apparition, leur montée en puissance et l'abaissement du niveau dans les échanges politiques. Je ne suis pas loin de penser que nous ne savons plus discuter et passer les compromis nécessaires, qui sont l'essence de la politique.
Par exemple, Manuel Valls présentait hier les modifications touchant le projet sur la réforme du code du travail, après discussion avec les syndicats et autres interlocuteurs. Du coup, on parle de "recul". Du côté des adversaires de ce projet, on demande depuis le début le "retrait" et on estime que les aménagements proposés n'ont rien changé. Dans ce camp-là, c'est la "défaite" du Premier ministre qu'on souhaite. Où est l'esprit de négociation et de compromis dans tout ça ?
Un autre exemple peut sembler plus anecdotique, mais je le trouve plus révélateur. La nouvelle grande région du nord change de nom pour s'appeler désormais "Hauts-de-France". Résultat : les réseaux sociaux vibrent de toute part, c'est la contestation générale, la critique immédiate, assaisonné à l'esprit de dérision. C'est absurde. D'abord, ce choix ne devrait pas soulever de telles passions. C'est anormal, ridicule. Quelle importance, ce nom plutôt qu'un autre ? Ce n'est pas ça qui va déterminer l'avenir de cette région, qui a bien d'autres chats à fouetter. Autrefois, la décision aurait été prise par l'administration, et personne n'aurait songé à en parler et à la discuter.
Ensuite, "Hauts-de-France" est un nom aussi bon qu'un autre. On s'y habituera, et on ne se rappellera même plus qu'il aura été contesté. Le temps finira par l'adopter. Mais la disparition de la Picardie ? Elle ne disparaît pas plus que le Berry, qui ne donne plus son nom à aucune entité administrative ou politique, mais reste néanmoins vivant. "Hauts-de-France" évite justement de mentionner une préférence entre le Nord et la Picardie, en ne se référant à aucun des deux. C'est très bien. De toute façon, la nouvelle région aurait-elle adopté une autre dénomination que la polémique aurait été la même : il y aurait toujours eu à redire, les réseaux sociaux s'exciteraient identiquement.
Non, nous ne savons plus discuter, réfléchir et agir collectivement. Nous ne savons plus nous conformer à la décision prise. Ce qui compte, c'est le soupçon, le dénigrement, l'ironie. Chacun y va de son refrain, sans égard pour le bien commun, sans se sentir engagé par quoi que ce soit. Où allons-nous comme ça ? Que devient la République sans culture du débat ?
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13 commentaires:
- Mais un blog fait partie des réseaux sociaux non?
- Les Hauts de France ont pour sous-titre Nord Pas de calais-Picardie
En l'occurrence le nom de la nouvelle région est fort mal choisi: pourquoi "Hauts-de France" alors que la région est en queue de tous les classements nationaux (travail, espérance de vie, revenu moyen, niveau culturel...)? Ce qui unit bien la Picardie au Nord-Pas-de-Calais, c'est la médiocrité...
Je fais partie des personnes qui demandent le retrait pur et simple de la loi travail. Et je ne suis pas d'accord avec vous sur votre analyse, comme quoi on demanderait la "défaite" du premier ministre.
Nous sommes simplement contre une idéologie, qui tente de nous faire croire qu'il est nécessaire de "flexibiliser" le marché du travail. Nous estimons que ça ne fonctionne absolument pas, et que la seule voie pour limiter le chômage (et en même temps la précarité, car nous refusons les modèles où le chômage est faible mais où il y a des travailleurs précaires, cf l'Allemagne).
Excepté quelques éléments, la majorité de la loi est issue de cette vision sociale-libérale ou social-démocrate, appelez ça comme vous le souhaitez.
Tout comme le CICE, qui au final a permis simplement d'augmenter les dividendes des actionnaires, (cf SANOFI par exemple, qui a obtenu quelques millions du CICE, au final ils n'ont pas créé d'emploi, ils en ont supprimé 500 et ont versé quelques milliards aux actionnaires) nous refusons cette idéologie.
1- Par "réseaux sociaux", j'entends plutôt Facebook et consorts. Quoi qu'il en soit, je ne m'y reconnais pas.
2- Maxime, je reconnais bien là ton humour grinçant ...
3- Jean M, nous n'avons pas la même idéologie, et c'est très bien comme ça : en République, on ne pense pas tous pareil. Sauf que vous connaissez mon idéologie, je l'expose et je l'assume chaque jour depuis 10 ans sur ce blog. Alors que moi, je ne connais pas la vôtre. Tant qu'on ne se dévoile pas, il est aisé de critiquer.
En effet, c'est facile, je vais donc être honnête.
C'est long de dévoiler une idéologie, mais voici quelques éléments :
Seul le partage du temps de travail peut être une alternative au chômage. Car le chômage est + dû à l'automatisation et à la robotisation des tâches qu'à je ne sais quel manque de flexibilité.
Nous n'aurons plus des croissances énormes, à moins de tenter de produire follement des choses inutiles. Travaillons moins, produisons moins et mieux.
Voilà, n'hésitez pas à critiquer, j'aime le débat.
Surprise ! Voilà un point commun : comme moi, je suppose que vous vous êtes battus il y a 15 ans pour défendre la loi Aubry-DSK sur les 35 heures. Parce qu'à l'époque, tout le monde, y compris à gauche, la critiquait. Un peu comme la loi El Khomri aujourd'hui. "Il faut laisser du temps au temps", comme disait notre maître Mitterrand.
Haut de france ne signifie rien : la nouvelle région créée est en faite la région qui dispose de l'altitude moyenne la plus faible au niveau national...Et qu'on ne me dise pas que la nouvelle région est en haut de la carte de France, certains peuples comme les égyptiens avaient pour habitude de placer le nord en bas des cartes ( le nil prenait sa source au nord) le nouveau nom obéit uniquement à un volonté naivement européiste : proposer un nom raduisible en anglais (on se demande bien pourquoi nos amis de la perfide albion se contentant d'emprunter leur autoroute pour rejoindre rapidement les régions du sud.
Pas d'accord avec vous M Mousset, le débat politique n'a pas attendu facebook pour se rabaisser au niveau d'un débat de comptoir en fin de soirée entre pochtron aviné :celà fait vingt ans au moins qu'aucune idée nouvelle n'est sortie du chapeau d'un de ces bien pensants politiciens
Ma femme m'a dit mais je ne sais pas si elle me baratine ou non, que sa principale l'a appelé pour lui dire de retirer mon dernier article de mon blog sur le suicide d'une adolescente. Si c'est vrai les choses commencent vraiment à prendre une tournure tragique, où je joue le rôle du héros grec seul contre tous.
J'ai même ajouté ça sur mon blog, dans le dernier article : "Apparemment les gens ont peur, même ma femme a peur de ce que j'écris sur ce blog. La plupart des gens ont un intérêt tellement grand à ce que la société continue de fonctionner comme elle fonctionne, qu'ils mettent une pression extraordinaire pour que rien ne bouge. La perversion sous toutes ses formes, ils ne la voient pas, ne la ressentent pas... ou alors autre hypothèse, cela les arrange. Cela arrange leurs pulsions mauvaises en toute impunité... car selon la doxa officielle (ensemble des opinions communes aux membres d'une société et qui sont relatives à un comportement social), nous vivons dans la meilleure des sociétés démocratiques possibles ; donc les opposants sont forcément des malades qui relèvent de la psychiatrie."
1 - sur le temps de "travail salarié" : il est clair (sauf pour ceux qui ne veulent pas comprendre) que le machinisme a comme objectif de rendre moins pénible le travail manuel mais qu'en contre partie il a comme conséquence de diminuer le temps global de travail salarié pour obtenir le même résultat. Ne pas prendre cela en compte, et les syndicats ont des comptes à rendre à ce sujet, a comme effets chômage et précarisation des moins formés.
2 - sur le nom de notre région : en quoi était-il si urgent et si impératif de trouver un nouveau nom à la région ? Il n'y a pas de nouveau territoire, il y a jonction entre deux territoires... Nord-Pas de Calais-Picardie aurait été légitime... sinon le plat pays aurait été tout aussi valable que ce redondant nouveau patronyme à moins pour plagier un titre venu de notre "est" : "au Nord, rien de nouveau".
1- La réfutation du nouveau nom de la région en faisant appel à la géographie des anciens Egyptiens est comique et consternante.
2- Les crétins ont existé avant Facebook, ils existeront après. Mais les réseaux "sociaux" leur ont donné une audience considérable et une forme de légitimation. Les hommes politiques n'ont rien à voir avec ça. La bien-pensance est beaucoup plus à la base qu'au sommet, qui garde une certaine liberté d'esprit et n'a pas renoncé à l'intelligence.
3- Les pressions exercées sur un blog sont un phénomène fréquent. L'écriture est chargée d'un sens, recèle une puissance que la parole, vite oubliée, n'a pas. Il ne faut pas renoncer à la liberté d'expression.
4- Une région "Nord-Pas-de-Calais-Picardie" ? Bonjour le sens de la communication !
Je suis d'accord avec vous Monsieur MOUSSET. On marche sur la tête : les gens s’excitent pour le nouveau nom donné à notre région. Les hauts de France ou Nord Pas de Calais Picardie, qu'est ce que ça peut faire pour les milliers de précaires qui attendent de retrouver la dignité par le travail. Quant aux étudiants qui manifestent contre la loi sur le travail, craignant de débuter leur carrière professionnelle en CDD, songent-ils aux autres jeunes qui sont sortis du système scolaire sans aucune qualification et qui risquent de ne JAMAIS trouver un emploi ?
Enfin pour tous les mécontents contre le gouvernement, soit disant pas de "gauche", qu'ils lisent les programmes de tous les candidats de la primaire à droite. Ils verront ce qu'est la différence entre la gauche et la droite.
Hauts de France, pourquoi pas Est de France, Sud de France, Ouest de France, Centre de France
Avec XB l'imagination suit le destin (hélas) de son usine à gaz supposée donner du boulot aux gens du Noooorrrd (cher Galabru)
Ce pouvait être "Septentrion" aucune traduction à faire puisque il fallait ... commercialement ... pouvoir traduire !
ou plus historique "Berceau de la France" .... mais les belges y auraient vu un désir refoulé d'annexer Tournai (Doornik) et la traduction anglaise possiblement comique
Bref j'y suis allé de mon grain de sel !!!!! çà fait du bien .............
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