samedi 4 juillet 2015

OUI la Grèce, OUI l'Europe



Je souhaite de tout mon cœur la victoire du OUI au référendum de demain en Grèce. Je souhaite cette victoire du OUI en tant qu'européen fervent, parce que la victoire du non serait la défaite de l'Europe, comme il y a dix ans chez nous. Je souhaite la victoire du OUI en tant que socialiste, parce que le parti socialiste en France, et tous les partis socialistes et sociaux-démocrates en Europe, sans exception, souhaitent et soutiennent la victoire du OUI. Je souhaite aussi la victoire du OUI en tant que Français, parce que la victoire du non, précipitant l'Europe dans la crise, dans "l'inconnu", comme l'a dit le président de la République, aurait des conséquences négatives sur notre pays.

Le recours à ce référendum, si dangereux pour l'avenir de la Grèce et l'avenir de l'Europe, prouve l'irresponsabilité et l'incohérence de Syriza et du Premier ministre Alexis Tsipras. Quand on vient d'être élu à la tête du pays, on ne décide pas, quelques semaines après, d'un référendum, mais on applique les termes du mandat pour lequel on a été élu. A moins que ce choix inattendu signe l'incapacité de ce gouvernement à négocier et à obtenir des résultats, qui justifie ainsi de se retourner vers le peuple.

A moins que Tsipras ait une autre idée en tête, guère meilleure : utiliser le résultat du référendum pour créer un rapport de force en défaveur de l'Europe et de ses suggestions. Le rapport de force, c'est l'arme des faibles, de ceux qui ne croient pas en la négociation et ses inévitables compromis. Le rapport de force, c'est l'illusion suprême : l'Europe ne va pas se soumettre au chantage de l'un de ses Etats-membres, qui ne pèse pas très lourd dans l'ensemble, qui est source de problèmes plus que de profits. Le référendum ainsi manipulé, c'est la prise en otage, l'instrumentalisation du peuple déchiré entre des options contradictoires, obligé à se prononcer sur un texte de technique financière dont les enjeux ne sont pas très clairs. Voilà le lamentable bilan d'Alexis Tsipras, au bout de seulement quelque temps de gouvernance. On frémit à ce que sera le résultat final.

Comme souvent en politique, sauf chez certains leaders d'envergure qui se révèlent dans l'exercice du pouvoir, ce qui se passe en Grèce était prévisible. Qu'est-ce que Syriza ? Une coalition aux contours incertains et à l'idéologie nébuleuse. Ce n'est pas une formation social-démocrate, c'est certain. Mais ce n'est pas non plus une organisation communiste ou d'extrême gauche. Alors, c'est quoi ? Un front du refus, à coloration populiste, qui rejette le libéralisme et qui rejette l'Europe. On ne gouverne pas un grand pays avec ça. Dès son élection, Syriza s'est allié avec un parti d'extrême droite, souverainiste, pour disposer d'une majorité : la messe était dite, et une messe noire ...

Comble de l'incohérence, de l'incertitude ou de l'hypocrisie (peut-être qu'il y a des trois), Alexis Tsipras, hier soir, dans un discours grotesque où il fait de son pays le centre du monde, a manifesté son souhait de ne pas quitter la zone euro. A l'entendre, voter non à son référendum, c'est voter oui à l'Europe ! Il nous prend pour quoi et il se prend pour qui ? Cette ultime bouffonnerie disqualifie le personnage, qui l'était déjà. D'un côté, le Premier ministre grec demande à l'Europe de lui tendre la main ; de l'autre, il la mord jusqu'au sang. Pour lui, la faute, c'est toujours les autres, les Européens, la Troïka, comme il l'appelle bizarrement, avec tout le mépris dont il est coutumier envers les institutions européennes et internationales. L'argent qu'il demande, le fric fou qu'il sollicite pour sauver son pays du désastre, sait-il que ce sont les autres peuples qui vont régler la note ? Et son économie nationale, elle n'est pour rien dans la catastrophe budgétaire actuelle ? La légèreté de Syriza est confondante ...

Et si le OUI l'emporte, il va faire quoi, Tsipras ? Il aura l'air fin, aussi fin que Chirac et sa dissolution de l'Assemblée nationale en 1997, avec le résultat qu'on sait ! Il y a quand même un point positif dans ce désordre : le peuple grec va se prononcer POUR ou CONTRE son maintien dans l'Europe, comme le peuple britannique dans quelques mois. Je m'en réjouis : l'Union européenne est la première construction politique de cette ampleur qui passe par la délibération des peuples, à chacune de ses étapes. Il faut que les peuples décident, soient au clair avec eux-mêmes : c'est OUI ou c'est NON. Alexis Tsipras n'a pas le courage de poser nettement les termes de ce choix, il louvoie. Il veut bien de l'Europe tous les avantages, mais refuse les inconvénients ; il veut profiter des droits et ignorer les devoirs. Ce n'est pas de cette façon qu'on est un partenaire européen fiable.

Le peuple grec demain tranchera, et j'espère qu'il aura la sagesse qui manque à ses dirigeants, qu'il répondra OUI à l'Europe. Un pays qui a inventé la philosophie devrait en être capable. Un pays qui est l'une des sources, très brillante, de la civilisation européenne, devrait désirer rester dans l'Union européenne. Sinon, comme l'a dit François Hollande, ce sera "l'inconnu", pour la Grèce, pour l'Europe, pour la France.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Les peuples disent oui à l 'Europe, surtout depuis l effondrement du bloc soviétique, mais l'Europe ne les entends pas, elle refuse de répondre aux demande d'une Europe Sociale, politique, fiscale, solidaire, écologique...

Quand les politiciens préféreront se présenter au parlement Européen plutôt qu au parlement national, l'Europe aura gagné.
On veux plus d'Europe !!!! et vite

Emmanuel Mousset a dit…

Hélas, l'Europe entend trop les peuples. Il nous faudrait Charlemagne ou Napoléon pour la faire. Mais comme nous sommes tous démocrates, c'est impossible. Quant à votre Europe sociale, politique et blablabla, c'est un slogan qui congèle votre esprit. Intéressez-vous aux réalités.

Erwan Blesbois a dit…

Ras-le-bol de l'Europe de l'ultra libéralisme. Ras-le-bol de l'ultra libéralisme qui met à genoux des pays, comme si une guerre se jouait. Je sais qu'il vaut mieux la compétition à outrance économique que la guerre, mais là cela va trop loin, on va faire de la Grèce, parce que les Grecs effectivement sont moins compétitifs au travail que dans les autres pays d'Europe, un pays de miséreux, de parias.
Est-ce une raison pour faire de ce pays, parce qu'il a du mal à jouer les règles du jeu de l'ultra libéralisme, parce qu'il perd cette guerre, un pays de 10 millions de misérables lépreux. Je sais les Grecs sont majoritairement assez paresseux et fraudeurs, c'est leur "culture", on peut le déplorer, il n'y a pas que le travail dans la vie, les Grecs n'aiment pas ça. Je suis allé en Grèce je l'ai constaté, peu polis, assis à des terrasses de café toute la journée, moi je ne les condamne pas pour ça, c'est leur style de vie très peu adapté à une Europe dominée par le modèle allemand, travailleur, efficace, discipliné.
Peut-être qu'en dehors de l'Europe en dévaluant leur monnaie ils pourraient s'en sortir. Quant à l'argent qu'ils nous doivent il faudra mettre une croix dessus, on ne peut pas saigner un peuple pour quelques milliard, oui je sais avec le fruit du labeur des Français (40 milliards), il faut laisser les Grecs se démerder avec une monnaie dévaluée, j'espère qu'ils s'en sortiront, et les laisser quitter l'Europe. Par contre il faut vraiment les laisser se démerder, ne plus leur octroyer un centime d'aides, ils ont pris de très mauvaises habitudes et vivent comme des parasites aux crochets de ceux qui travaillent, c'est un fait.

Emmanuel Mousset a dit…

La Grèce de Socrate, Platon, Aristote et tous les autres !

Erwan Blesbois a dit…

Oui pour le symbole, c'est dommage, mais les garder dans l'Europe, cela signifie continuer à les entretenir, continuer à leur verser des milliards, ce n'est plus possible. On efface l'ardoise et basta ! Sans doute devra-t-on faire la même chose pour beaucoup de pays "latins" d'Europe malheureusement. On a construit l'Europe sur l'ultra libéralisme maintenant on va en payer les pots cassés. L'Europe va certainement se désagréger, il faudra sans doute trouver d'autres solution que le modèle économique allemand pour construire l'Europe, on ne peut pas suivre les Allemands, ce sont des travailleurs obsessionnels, même nous Français n'arrivons pas à suivre la cadence infernale imposée par l'Allemagne. Bientôt l'Europe ce ne sera plus que l'Allemagne, ils auront tout gagné avec leur modèle économique dominant et prédateurs, en plus les Allemands ne veulent pas être généreux, partager, on ne peut pas les en blâmer, les Français feraient la même chose à leur place. L'Allemand c'est une travailleur obsessionnel, acharné et qui est dans la rétention. D'ailleurs l'Allemand se défoule en vacances, lorsqu'il est loin de "chez lui", alors il se "lâche", car "chez lui" il n'a le droit de rien faire, il n'y a que des contraintes de tout ordre en Allemagne. N'oublions pas qu'ils sont les descendants de Kant !, ce philosophe dont Onfray dit qu'entre lui et le nazisme, le chaînon manquant est Sade.

G comme grec a dit…

La question dont la réponse à laquelle conditionnerait une position démocrate par rapport à la situation grecque actuelle est : où est passé l'argent ?
Que celles et ceux qui ont empoché cet argent le rendent.
Après, on peut discuter, prendre position.
Là, qui connaît, parmi les électeurs, la réponse ?
A priori, pourquoi ne pas faire confiance aux élus grecs actuels ?
Sinon, extrapolons : pourquoi faire confiance à nos propres élus qui nous racontent ce qu'ils veulent bien nous dire.
Il y en a qui connaissent les choses : qu'ils nous les disent !