mardi 28 juillet 2015

Le scotch du capitaine Haddock



Non, ce n'est pas la fameuse boisson dont le personnage de Hergé raffole et abuse, mais le sparadrap dont il n'arrive pas à se débarrasser dans "L'affaire Tournesol", et qui me semble une parfaite métaphore de ce que vit aujourd'hui le Front national : Jean-Marie Le Pen, c'est le bâton merdeux qui lui colle au cul et qui pourrait bien lui porter la poisse. La fille essaie de jeter ce relais par dessus bord, mais n'y parvient pas. A force, il va devenir bâton de dynamite.

Le plus drôle dans cette histoire, c'est que c'est la justice qui règle une lamentable dispute de famille. Ce que j'en retiens, c'est qu'en politique, "on ne peut rien contre la volonté d'un homme", comme disait souvent François Mitterrand, qui en savait quelque chose. Même la mort ne règle pas le problème : quelqu'un s'efface, un autre le remplace. L'esprit de vengeance ne disparaît pas biologiquement : c'est un legs qui trouve toujours des héritiers. Jean-Marie Le Pen est bien parti pour faire chier le Front, en long, en large et en travers pendant longtemps.

Je retiens aussi, du feuilleton nauséabond, que la politique, contrairement à ce qu'on croit souvent, n'est pas une question de rapport de forces, mais de situation de pouvoir. Le vieux Le Pen est quasiment seul contre tous ; mais là où il est, pour l'instant, on ne peut pas le déloger. Lui, en revanche, est bien placé pour les dégommer. La politique est aussi un art de sniper. Quand le tueur vise son propre camp, ça peut faire très mal. Il ne gagne rien pour lui, dans sa casemate, mais représente une terrible capacité de nuisance pour les siens.

Au passage, nous voyons bien, une fois de plus, combien le Front national n'est pas une organisation républicaine. Imagine-t-on une démocratie de papier, puisque le FN a conçu un congrès par voie postale ? C'est une étrange politique par correspondance ... Tout ça ne m'amuse pas plus que ça, parce que je sais aussi que les divisions à l'intérieur de l'extrême droite font partie de ce courant et qu'elles n'auront aucune conséquence, hélas, sur les élections régionales.

L'électeur FN, on ne le répètera jamais assez, veut mettre les étrangers dehors ou leur couper toute aide sociale, en même temps qu'il souhaite un policier à chaque coin de rue et un Etat autoritaire pour régler ses problèmes ; il se moque des embrouilles entre Jean-Marie et Marine, ça ne le dérange pas plus que ça. En 2000, Bruno Mégret quittait le Front avec la moitié des cadres du parti. Deux ans après, Le Pen se qualifiait au second tour des présidentielles et Mégret n'était plus rien. N'oublions pas.

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