mardi 21 juillet 2015

Un seul droit pour les étrangers



L'Assemblé nationale a commencé à examiner hier le projet de loi sur les droits des étrangers, qui sera définitivement adopté à l'automne. Rien de saillant en ressort. Pour l'instant, le débat n'est pas très affûté, entre la droite et la gauche, autour de ce texte. Celui-ci est utile, mais quand j'entends parler de droits des étrangers, j'ai une seule et unique réaction : que devient la promesse du droit de vote pour les immigrés aux élections locales ?

Cette idée remonte à 35 ans, dans les rangs de toute la gauche. Elle n'a jamais été mise en œuvre. Si encore elle avait été définitivement abandonnée (ce que je ne souhaite pas), je pourrais comprendre. Mais non : elle est régulièrement évoquée, mais jamais appliquée. Bien sûr, il y faut des conditions institutionnelles particulières, difficiles à réunir, en matière d'organisation du scrutin, au Sénat et à l'Assemblée. Mais peu importe : c'est la volonté politique qui compte, assumer ce projet et le défendre autant qu'on le peut, aussi loin qu'on le peut.

Il parait aussi que cette proposition de vote des immigrés ferait monter le Front national. C'est idiot : l'extrême droite n'a pas besoin de ça pour progresser. Et puis, il n'y aurait pas meilleure pédagogie contre les nationalistes que montrer notre ferme intention d'intégrer les immigrés, en en faisant des citoyens comme les autres, donc des électeurs.

Un autre argument consiste à dire qu'il faut réserver le droit de vote à ceux qui disposent de la nationalité française, et que nos compatriotes d'origine immigrée n'ont qu'à la demander. Argument irrecevable : d'abord, la nationalité ne s'obtient pas si facilement. Ensuite, les membres de l'Union européenne résidant, travaillant et payant leurs impôts en France peuvent participer aux élections municipales, alors qu'ils ne sont pas Français. Pourquoi ce qui leur est permis ne le serait-il pas aux autres étrangers, d'origine extra-européennes ? Ce ne serait que justice. Enfin, il est bien compréhensible que des personnes ayant choisi la France pour y vivre ne veuillent pas rompre totalement avec leur pays d'origine, veuillent demeurer fidèles à leurs racines.

J'attends donc, depuis 35 ans, qu'une majorité de gauche soit en cohérence sur ce point avec un engagement très ancien, dont aucune raison ne justifie le retrait ou le report. De toute façon, Français ou pas, de souche ou de je ne sais quoi, immigrés, étrangers ou ce que vous voudrez, je récuse tout ce vocabulaire de distinction et de division : il n'y a pour moi, au pays de la Grande Révolution et des Droits de l'Homme, que des CITOYENS.

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