samedi 4 avril 2015

Une nouvelle maison pour la gauche réformiste



Vous souvenez-vous de l'état de la gauche socialiste à la fin des années 60 ? Simple : c'était l'état de la gauche aujourd'hui. Son premier parti, la SFIO, équivalent de notre PS, était un appareil d'élus, visant surtout à préserver des pouvoirs locaux. Il n'était plus trop en phase avec la société. L'extrême gauche était alors florissante, comme de nos jours l'extrême droite. En dehors du vieux parti socialiste incapable de se rénover, une multitude de clubs et de petites structures réfléchissaient à une modernisation et à une réorganisation de la gauche : le PSU de Rocard, la FGDS de Mitterrand, le club Jean-Moulin, etc. Il en est sorti, au début de la décennie suivante, un nouveau parti socialiste, en rupture avec l'ancienne SFIO.

C'est ce vers quoi nous allons aujourd'hui. C'est en tout cas mon souhait. On ne peut plus faire avec le PS tel qu'il est. C'est moins un problème d'idéologie que d'organisation, à la différence des années 60. Autre grosse différence : la gauche a désormais une culture de gouvernement qu'elle n'avait pas, ou très peu, il y a 50 ans. Enfin, dernière différence, et non des moindres : il n'y a plus un parti communiste puissant qui gèle une partie de l'espace politique à gauche. Tous ces éléments me font dire que la recomposition de la gauche sera plus facile et plus rapide aujourd'hui qu'autrefois.

Cette réflexion m'amène à me réjouir de la réunion qui s'est tenue cet après-midi à Paris et qui a rassemblé cinq formations écologistes : EELV, Génération écologie, Mouvement écologiste indépendant (Antoine Waechter), Cap 21 (Corinne Lepage), Front démocrate (Jean-Luc Bennahmias). Objectif : se rapprocher du gouvernement, réfléchir à une structure commune. Daniel Cohn-Bendit, au Parisien, va dans ce sens : ne pas multiplier les candidatures à gauche lors de la prochaine présidentielle, ne pas rééditer le 21 avril 2002 (pour l'instant, on y va).

Dans Libération, Placé regrette de ne pas avoir soutenu la candidature présidentielle de Nicolas Hulot, souhaite un retour des écolos au gouvernement, critique le rapprochement d'EELV et du Front de gauche, fustige la division à gauche. Enfin une écologie responsable et raisonnable ! Le sénateur Vert milite désormais pour la construction d'une fédération qui irait des communistes critiques (Robert Hue) aux centristes humanistes (Jean-Louis Borloo). La perspective est bien entendu très largement utopique. Mais nous avons besoin d'utopie pour avancer ! Et puis, ce qui compte, c'est la direction et le chemin, même si on n'arrive pas tout au bout. Jean-Luc Bennahmias est lui aussi partisan d'une nouvelle formation politique élargie, qui ne se limiterait pas à l'écologie. D'accord avec tout ça, depuis pas mal de temps !

J'ai noté cette phrase de Jean-Vincent Placé : "la forme parti est dépassée, décriée par les Français. A force de nous replier, nous nous retrouvons en opposition avec nos sympathisants". Le nerf du problème, pour toute la gauche, est précisément là : ses structures partisanes ne sont plus en phase avec la population, ni représentatives du peuple de gauche. Les militants sont peau de chagrin, à tous les sens du terme. Il faudrait se tourner vers le vivier des sympathisants, qui est vaste et riche. C'est à partir de lui qu'il faut recouvrer des forces et reconstruire la gauche. Du sang neuf, en quelque sorte. Le recrutement par exemple des futurs candidats aux élections et aux responsabilités devrait se faire à partir de cette base élargie. Mais c'est compliqué, parce que c'est inédit et surtout contraire à la tradition d'appareil de la gauche. Si celle-ci ne veut pas laisser sa place au Front national (c'est commencé), il faut bien qu'elle s'engage dans cette mutation, comme dans les années 60-70. La réunion des écolos aujourd'hui est une première pierre de cette nouvelle maison de la gauche réformiste.

9 commentaires:

Anonyme a dit…

On n' est plus sous la IV° et la clarté est de rigueur , c'est MITTERAND qui a vidé la V° de sa substance et nous a mis dans la situation actuelle avec une classe politique de pacotille et de rang de petite nation à tendance bananière ...

Voir les commentaires de JEAN SALEM ce soir sur l’ ensemble de la classe politique actuelle :
Pour Jean Salem, l’erreur politique majeure réside dans le suffrage universel et dans cette mauvaise compréhension de l’abstention, sans cesse évoquée pour être dénoncée, porteuse en fait d’un imaginaire qui lui confère tous les pouvoirs quand les élections sont perdues par un candidat ou un parti. S’il n’y avait pas eu tous ces abstentionnistes, entend-on de tous côtés !
D’où les campagnes en faveur du vote.
Même si on sait pertinemment que l’abstention, dans l'une de ses significations, n’est pas nécessairement porteuse de valeurs progressistes. Un SDF n’est pas un homme éclairé seulement du fait d’être un SDF. La pauvreté n’a pas la vertu d’éclairer l’esprit. Ces raccourcis simplistes manquent le sens du geste abstentionniste. De la même façon le suffrage universel est-il à repenser. « Quand Bonaparte [Napoléon III] eut assassiné la République, déclarait Liebknecht, il proclama le suffrage universel. Quand le comte de Bismarck eut assuré la victoire des hobereaux prussiens, il proclama le suffrage universel » (p. 46).
Le livre de Jean Salem, dès l’introduction, justifie sa démarche. Ce n’est pas simplement un jeu rhétorique auquel il se prêterait. Non. « Et puis voici que nous y sommes : les héritiers du fascisme et du national-socialisme relèvent la tête en Europe… » (p. 9).
Il s’agit de comprendre, mais de réagir aussi.
Comprendre ?
C’est les trois parties de l’ouvrage :
1) tableau de « l’actuel cirque électoral »,
2) confiscation du pouvoir que ce cirque autorise et entretient sous nos yeux,
3) des élections ininterrompues dans lesquelles on fait vivre le citoyen des démocraties fatiguées.
Le bilan est clair. Nous sommes dans « une période de crise suraigüe du capitalisme, [d’une] période d’anxiété et de troubles, [d’une] période qui sent l’avant-guerre »
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Anonyme a dit…

Avez-vous noté l’ absence du pur et dur José Bové … Sans doute pas si proche des mercenaires écologistes chasseurs de postes ministériels : Antoine Waechter ; Jean-Luc Bennahmias ; Corinne Lepage et ses multiples dossiers …. Qui nous font prendre le chemin d’une faction bien étrange et institutionnalisée !!
Citation : Fabrice Nicolino
M. Arnaud Gossement fait partie de la longue liste de ceux qui me font rire de bon cœur, et si tel n’était pas le cas, je dois bien reconnaître qu’il me laisserait indifférent. Mais qui est-il ? C’est un avocat, spécialisé dans le droit à l’environnement, âgé de 35 ans. Pendant l’extraordinaire comédie du Grenelle de l’Environnement, au cours de laquelle tant d’« écologistes » officiels se sont déshonorés, M. Gossement était le porte-parole de l’un des principaux acteurs, France Nature Environnement (FNE). FNE regroupe, selon ses chiffres en tout cas, 3 000 associations locales de protection de la nature, fédérées au plan régional dans des structures comme Alsace Nature, Frapna ou encore Bretagne Vivante, dont je suis adhérent. Beaucoup de membres valeureux de ces structures ont mené, depuis quarante ans, de vraies bagarres de terrain. Mais le temps a tout chamboulé, et FNE est aujourd’hui menée par une petite bureaucratie endogame, qui mange dans les mains du pouvoir, sauf ces derniers temps, allez savoir pourquoi. Environ 70 % des budgets de FNE sont d’origine publique, peut-être davantage. La gentillesse des hiérarques de FNE avec le ministère de l’Écologie, grand pourvoyeur d’argent, est disons intéressante.
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Anonyme a dit…

Depuis lundi, apparemment plus aucun commentaire à moins qu'il n'y ait censure...
Professeur, pouvez-vous expliquer ce que vous entendez par "peuple de gauche" ?
Existerait-il d'autres peuples et on nous le cacherait ?
Peuples de droite ? L'oligarchie, l'aristocratie, les clergés ?
Peuple du milieu ? Le milieu ?
Peuple d'extrême gauche ? Les trotskistes ?
Peuples d'extrême droite ? Les frontistes et tous les fachos et pétainistes ?
Un seul peuple, ce ne serait pas suffisant ? Le peuple français...

Anonyme a dit…

Et les écolos axonais , que pensent ils , vous qui les connaissez bien depuis longtemps !
Ont ils pignon sur rue ... Où tout est il sur AMIENS dans une centralisation effrénée donc ce qui serait le contraire de l'esprit de ce parti ...
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Anonyme a dit…

Les commentateurs parisiens sont très réservés sur cette réunion qui est avant tout un rassemblement d'opportunistes et de postulants à la fonction ministérielle dans un contexte pas bien défini et sans une vision à long terme des conséquences de la montée du FN qui pourrait être un blocage de la vie politique en FRANCE à l' issue des régionales !!
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Anonyme a dit…

C'est bien mon cher MOUSSET , sur 5 commentaires , 4 de notre groupe de pensée sont passés ... C'est rare pour bien le noter , sans doute un cadeau pascal et une nouvelle ouverture d'esprit au débat que vous avez abandonné depuis quelques temps ...
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Emmanuel Mousset a dit…

C'est quoi, votre groupe de pensée ? (je redoute la réponse ...)

Anonyme a dit…

Réponse à la question de ce cher Monsieur MOUSSET :

Des démocrates , républicains à sensibilité écologique pour la défense des territoires ruraux et des villes dotées de projets à dimensions humaines et rejetant le bling bling où les équipements pharaoniques comme à MONTPELLIER ou VALENCIENNES ou AUTEUIL avec ce massacre programmé :

Tout ça pour des bobos et pour quelques jours par ans ….

Aux ZAD (zones à défendre), pourraient désormais s’ajouter les JAD (jardins à défendre). Tout comme si la reprise économique en dépendait, Manuel Valls a en effet mis jeudi 4 mars tout son poids dans la balance en faveur du plan d’extension du stade Roland-Garros dans les jardins des Serres d’Auteuil. Annonçant le «plein soutien du gouvernement» au projet de la Fédération française de tennis (FFT), le Premier ministre a fait un beau croc-en-jambe à sa ministre de l’Ecologie. Ségolène Royal avait en effet émis des doutes sur la bétonnisation d’un stade de 5000 places sur un site classé. Elle avait alors demandé et obtenu que l’on valide techniquement une solution visant à couvrir une partie de l’autoroute A 13 toute proche, ce qui, sur le papier en tout cas, ne pouvait que réconcilier tout le monde et de surcroît bénéficier aux riverains de l’autoroute.
Dans cette affaire qui menace désormais de se dégrader à la façon du barrage de Sivens ou de l’aéroport de Notre-Dame des Landes, il faut rappeler que le tournoi de Roland-Garros se déroulait depuis quelques décades sans encombre. Cette extension, devenue «urgente», avait reçu l’aval de l’ancien maire de Paris, puis de l’actuelle, Anne Hidalgo. Le gros lobby tennistique avait au préalable réussi à surmonter une décision négative du tribunal administratif puis s’était appuyé sur enquête publique extraordinairement favorable.

La ministre de l'Ecologie, opposée au projet d'extension de Roland-Garros, aurait soumis à Anne Hidalgo, la maire de Paris, une idée pour le moins originale concernant l'avenir du tournoi du Grand Chelem.
Ségolène Royal fait une nouvelle fois valoir sa «liberté de propositions». Fermement opposée au projet d'extension de Roland-Garros, l'actuelle ministre de l'Ecologie s'est montrée inventive dans sa recherche d'alternative concernant l'avenir du complexe sportif. Selon la maire de Paris, Anne Hidalgo, la candidate aux élections présidentielles de 2007 aurait émis l'idée de délocaliser les matches du tournoi du Grand Chelem sur les pelouses de deux stades de football et de rugby de la capitale.
Jouer au Parc des Princes et au stade Jean-Bouin
«Ségolène Royal voulait que le tournoi de Roland-Garros se joue sur les pelouses de Jean-Bouin ou du Parc des Princes. Pour un tournoi de tennis de terre battue […] je lui ai dit que c'était un peu farfelu», révèle Anne Hidalgo dans les colonnes du Parisien ce mardi. La maire de Paris soutient le projet d'extension de Roland-Garros porté par la Fédération française de tennis (FFT) qui souhaite construise un nouveau stade de 5000 places dans le jardin des serres d'Auteuil.
Début mars, Manuel Valls avait réaffirmé son appui au projet de la FFT dont la concrétisation avait été retardée par la présentation d'un rapport complémentaire commandé par Ségolène Royal. Après l'affaire de la gratuité des autoroutes le week-end, le chef du gouvernement désavouait une nouvelle fois sa ministre. «L'Etat donnera son accord à l'ensemble des procédures relevant de sa compétence dans les prochaines semaines, afin de permettre rapidement un début des travaux», avait assuré Manuel Valls via un communiqué. Le Parc des Princes n'accueillera donc pas Roland-Garros à l'avenir. Un regret pour Ségolène Royal mais un soulagement pour les fans de terre battue.

Et pourtant à LILLE pour la coupe DAVIS ………..

Pour la finale de Coupe Davis contre la Suisse le 21 novembre prochain, la perspective de voir jouer les Bleus à Lille dans le stade habituellement réservé au foot est forte.

Emmanuel Mousset a dit…

Si vous voulez, mais faites plus court, et évitez le copié collé.