mardi 21 avril 2015

Bertrand et Garand au tribunal



Le maire de Saint-Quentin et le leader de l'opposition socialiste se sont affrontés aujourd'hui, devant le tribunal, par avocats interposés. C'est la deuxième fois. La première, Michel Garand avait ouvert le feu, à propos d'un sondage pendant la campagne. Il a été débouté. Cette fois-ci, c'est Xavier Bertrand qui attaquait, pour diffamation. Nous connaitrons l'issue le 2 juin. Cet affrontement est désolant, comme à chaque fois que des responsables politiques, au lieu de s'affronter sur le terrain des convictions, déplacent le combat sur le plan pénal. Je sais bien que la justice est un droit, que tout citoyen est libre d'y recourir lorsqu'il se sent lésé. Mais les élus de la République, qui ne sont pas tout à fait des citoyens comme les autres car des personnages publics, devraient autant que possible s'en abstenir et en rester au débat politique.

Lors des dernières élections municipales, Michel Garand a choisi de s'en prendre très fortement à la personne de Xavier Bertrand, lui reprochant de ne pas être domicilié à Saint-Quentin et de scolariser ses enfants dans une autre ville. Si j'avais eu quelque influence auprès de mes camarades, je n'aurais pas du tout conseillé cet angle d'attaque, qui touche à la vie privée. On peut et il faut être très offensif à l'égard Xavier Bertrand, quand on est membre et chef de l'opposition ; mais uniquement sur le plan des idées et des projets. Michel en a décidé autrement, en prenant des risques : ce genre d'attaque se retourne généralement contre ses initiateurs, elle ne rapporte pas une voix supplémentaire. Ce n'est pas ce que les électeurs attendent des candidats. De son côté, le maire de Saint-Quentin aurait pu se retenir de porter plainte. Quand on est grand vainqueur, on se montre grand seigneur : inutile de s'acharner sur l'adversaire à terre.

Je n'ai aucune idée sur le verdict, relaxe ou condamnation de Michel Garand. Mais je suis persuadé que le résultat, quel qu'il soit, n'aura aucune conséquence sur la vie politique locale, sur l'avenir de la gauche et de la droite. Le Courrier picard parle d'un "troisième tour des élections municipales", L'Aisne nouvelle d'une "valeur politique symbolique pour celui qui sortira vainqueur". Je crois surtout que c'est à cette tribune qu'est le Conseil municipal, non pas à la barre du tribunal, que se jouera la victoire ou la défaite des uns et des autres.

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