mercredi 22 avril 2015

Par les temps qui courent



Dans mon billet d'hier, je me suis planté. Les motifs qui ont conduit Xavier Bertrand et Michel Garand à s'affronter devant le tribunal n'étaient pas les bons. Mais la leçon que j'en tire reste la même : la tendance à judiciariser le débat politique est une mauvaise chose pour la démocratie. C'est en lisant le Courrier picard de ce matin que j'ai compris mon erreur, et appris quelque chose qui m'a fait tomber de haut : Michel Garand a été mis en examen en septembre dernier ! Je ne pensais pas que l'affaire était grave au point d'en arriver là. A ma connaissance, la presse n'en avait pas alors parlé. Il n'y a pas eu non plus d'information sur le sujet de la part du Parti socialiste, sous forme de riposte politique, par exemple.

Autre surprise de ma part : les raisons de la procédure engagée m'avaient complètement échappé au moment où elles ont été produites. Le litige porte d'abord sur un tract de campagne dans lequel Michel Garand accuserait Xavier Bertrand d'utiliser les services de la mairie à des fins électorales. J'avoue ne pas m'en souvenir. En tout cas, si je l'ai lu, ça ne m'a pas frappé. Ce que j'ai surtout retenu, c'est ce que j'indiquais hier : les reproches d'ordre personnel, sur le domicile et la famille. Il est aussi question, dans la plainte en diffamation, des totems de la Municipalité qui informent sur ses réalisations et qui sont installés sur la voie publique.

Ce truc-là me ramène 15 ans en arrière : pour les élections municipales de 2001, la députée socialiste Odette Grzegrzulka avait demandé aux militants de prendre en photo chaque panneau (quel boulot !), en vue d'un recours en justice, les fameux totems étant assimilables selon elle à des affiches de propagande, imputables aux comptes de campagne. Le point de vue me paraissait invraisemblable, il n'y a d'ailleurs pas eu de suites, quelqu'un doit encore avoir chez lui un bel album de photos ! Là aussi, je n'ai aucun souvenir d'une reprise de cet argument par Michel Garand durant la campagne de 2014.

Enfin, dernier grief lancé par Xavier Bertrand contre Michel Garand : celui-ci l'aurait diffamé en établissant un lien personnel entre la parution d'un sondage favorable au maire et son commanditaire. L'affaire en elle-même a déjà été jugée, et Michel Garand, qui portait alors l'accusation, débouté. C'est maintenant à Xavier Bertrand de porter le fer et de demander des explications (c'est un peu l'histoire de l'arroseur arrosé).

Que faut-il conclure de tout ça ? D'abord, que je peux me tromper, parce que je n'ai pas bonne mémoire et que je ne suis pas juriste. Ensuite, que la politique n'est pas forcément quelque chose de joli joli. Enfin, que Xavier Bertrand est quelqu'un qui ne plaisante pas avec les attaques qu'on peut porter contre lui et qu'il tient à bien le faire comprendre aux uns et aux autres. Dans mon billet d'hier, je sous-estimais les conséquences politiques : elles ne sont peut-être pas si négligeables que ça. Peut-être même ont-elles déjà commencé : car l'incompréhensible silence de Michel Garand en Conseil municipal ne serait-il pas dû à cet épée de Damoclès au dessus de sa tête ? Et puis, après avoir coupé les pattes au PS lors du dernier scrutin municipal, Xavier Bertrand ne cherche-t-il pas maintenant à lui tordre le bras, pour lui apprendre à réfléchir avant d'attaquer ? C'est possible, mais je ne veux pas me lancer dans de nouvelles supputations qui pourraient être à nouveau démenties par les faits. J'en sais assez pour me tenir éloigné de tout ça. Attendons la délibération en juin.

Une dernière chose quand même : nous vivons une drôle d'époque, où chaque personnage public doit être accompagné d'un juriste avant de faire quoi que ce soit. Moi-même, avec tout ce que j'écris chaque jour, il me faudrait peut-être un avocat. Allez savoir si à mon tour, par les temps qui courent, je ne vais pas me retrouver un jour ou l'autre devant les tribunaux ...

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