mardi 28 avril 2015

Les chouchous de mon coeur



Parmi les membres du gouvernement, j'ai mes deux stars, régulièrement évoqués dans ces billets : Manuel Valls et Emmanuel Macron (des prénoms qui se ressemblent et qui sont politiquement porteurs ...). Un troisième s'y ajoute maintenant : Bernard Cazeneuve.

Au début, ce n'était pas du tout l'élu de mon coeur, loin de là : il ressemblait trop à un pharmacien ou à un proviseur de lycée, pas à un ministre. Je n'aimais pas ses chemises blanches à rayures bleues, qui sont passées de mode. Et puis, tout a changé : les événements récents ont grandi ce petit homme (en politique, les petites tailles ont souvent de l'avenir, mais pas tout de suite ...). Il a désormais la tête de l'emploi : ministre de l'Intérieur. Pas facile pour lui : ses prédécesseurs étaient des stars, Sarkozy et Valls. Il en est devenu une, à son tour ! Enfin, je l'ai croisé personnellement, au dernier Salon du Livre de Paris, il s'est laissé prendre en photo par moi, avec beaucoup de complicité. J'ai trouvé qu'il avait de l'allure, de la présence. Bref, j'ai été séduit, Bernard Cazeneuve est mon nouveau chouchou.

Ne croyez pas portant que j'idolâtre tous les membres du gouvernement. Il y en a deux qui ne me plaisent pas : Harlem Désir, dont j'ai déjà dit qu'il me décevait par rapport à celui que j'ai connu il y a 30 ans. Il a mal tourné, pas bien vieilli : l'appareil lui a coupé les ailes et peut-être le reste. Incolore, inodore et sans saveur, voilà ce qu'il est devenu. Tout juste bon à être sous-chef d'un courant minoritaire au sein du PS. Un autre que je n'aime pas, que je ne trouve pas bon : c'est François Rebsamen. Ok, ministre du Travail, ce n'est pas une sinécure dans le contexte actuel. Mais ce n'est pas une raison pour être mauvais. Il s'explique mal, est gaffeur, ne convainc pas. Pourtant, il a un beau timbre de voix qui pourrait jouer en sa faveur. Mais non : quand ça ne veut pas, ça ne veut pas.

Il y a des ministres qui ne sont pas mal, mais qui me déconcertent. Najat Vallaud-Belkacem mène habilement sa barque, ou plutôt son paquebot, puisque l'Education nationale en est un sacré. Mais son sourire me déstabilise (moi qui ne souris pas volontiers). J'ai l'impression qu'au milieu d'un tremblement de terre, elle continuerait à sourire, comme si c'était de naissance. C'est peut-être une question de génération : la douceur et la jovialité des trentenaires me sont étrangères. Il y a pire, c'est Fleur Pellerin : je crois voir à chaque fois un extra-terrestre, un androïde. Ca ne préjuge pas bien sûr de ses qualités.

Avec Christiane Taubira, j'ai du mal. Pour beaucoup de mes amis de gauche, c'est une icône, d'autant qu'elle est souvent victime de la droite et de l'extrême droite, ce qui crée un réflexe de solidarité. Mais avec moi, ça ne passe pas : je la sens arrogante, je n'apprécie pas son côté aboyeur. Et puis, je suis terriblement rancunier : cette apparentée PRG qui flirte avec les frondeurs socialistes s'est présentée en 2002 contre Lionel Jospin et a contribué à sa défaite. Je n'oublie pas, parce que je sais que les individus ne changent pas. Ceci dit, respect pour son bilan et son action au gouvernement.

Marisol Touraine aussi me pose un petit problème : sur le fond, elle est très bien, mais c'est sa voix qui ne va pas, trop fluette, trop gentille. Elle ne sait pas mordre, ne défend pas de façon assez offensive sa réforme santé. Elle a de grands yeux d'enfant qui semblent découvrir le monde. Dans l'idéal, il faudrait croiser Taubira et Touraine, garder les qualités de chacune et raboter leurs défauts, en faire un androïde à la manière de Pellerin.

Deux cadors qui m'enthousiasment : Stéphane Le Foll, un vrai cowboy comme il nous en faudrait un peu plus au gouvernement et dans le parti. Dans un genre complètement différent : Michel Sapin, techno mais pas trop, politique comme il faut, clair, pédago, costaud. Enfin, j'ai gardé pour la fin les hors-catégories, les divas, les intouchables, les vaches sacrées : Ségolène Royal et Laurent Fabius, j'ai dit !

Comment ne pas évoquer aussi tous ceux que je ne connais pas, dont le nom ne me dit rien, que je ne reconnaitrais même pas si je les croisais dans la rue. Mais il leur reste encore deux ans pour devenir à leur tour des stars, des cadors, des champions, pour devenir des chouchous de mon coeur !

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