mercredi 29 avril 2015

Big-bang au PS



Le Parti socialiste débat en ce moment des quatre motions qui seront l'objet de son congrès de Poitiers en juin. On en parle peu, et c'est dommage, parce que ce sont des textes de qualité, pleins d'idées. On ne retiendra que les votes, les rivalités, les rapports de forces, et ce n'est pas ce qui peut redorer le blason terni de la politique. Le fait que ce débat soit strictement interne n'arrange rien, exacerbe au contraire les enjeux de pouvoir. Mais c'est ainsi.

Je voudrais vous parler de ces fameuses motions, sous l'angle qui m'intéresse le plus personnellement : la réorganisation du parti. Les quatre textes y font mention, mais ce sont surtout les motions C et D qui s'engagent nettement dans cette voie et font des propositions précises et pertinentes (je ne les retiens pas toutes, je n'évoque que les plus saillantes).

La motion D, présentée par Karine Berger, suggère de créer des cercles thématiques dans chaque fédération, afin d'organiser de vrais débats à l'intérieur du parti, ouverts à tous les citoyens. Aussi étonnant que cela paraisse, ce n'est pas actuellement le cas, sauf initiatives particulières et ponctuelles. N'est-ce pas pourtant le rôle élémentaire d'un parti politique dans une démocratie ? La hiérarchie du PS est composée aujourd'hui de 9 niveaux d'organisation, rien que ça ! La motion D demande à les réduire, ce qui irait en effet dans le bon sens. Elle souhaite la généralisation des primaires à toutes les élections, idée qui me tient particulièrement à coeur et qui nous éviterait bien des déconvenues dans le choix de nos candidats. Enfin, la motion D envisage d'ouvrir certaines consultations internes aux autres partis de gauche, ce qui est une bonne chose en vue de mettre fin au funeste entre soi.

La motion C, présentée par Florence Augier, propose elle aussi de généraliser la procédure des primaires ouvertes à toutes les investitures. Elle est cependant plus précise et plus insistante sur le sujet. Surtout, elle va beaucoup plus loin que la motion D en matière de réorganisation du parti, en demandant à ce que la désignation des cadres soit séparée du vote des motions. C'est une revendication que je défends depuis longtemps, qui ferait un bien fou, changerait forcément les mentalités. Je prétends même que c'est LA réforme qui transformerait en profondeur le Parti socialiste, en ferait un instrument politique efficace (ce qu'il n'est pas vraiment pour l'instant). C'est pourquoi la motion C est celle dont je me sens le plus proche, du moins pour le sujet qui concerne ce billet ; pour le reste, c'est bien sûr la motion A, social-démocrate, présentée par Jean-Christophe Cambadélis. Deux dernières idées de la motion C à noter : la possibilité pour de simples militants de déposer des contributions générales et des référendums par internet sur des sujets de politique générale.

La motion B, présentée par Christian Paul, s'engage assez peu dans la voie d'une rénovation du parti. Elle admet tout de même que "les primaires ont modernisé le Parti socialiste" et elle prône "une forme de dépassement du PS", en préconisant de transformer les sections et les fédérations en "maisons communes", dotées d'une "université populaire progressiste permanente". Ce n'est pas très précis, ça ne va pas bien loin comparé aux deux motions précédentes, mais ce qui est à souligner, c'est que le statu quo n'est pas réclamé. La motion A affiche d'ailleurs la même timidité (ou la même prudence ?), ses projets recoupent ceux de la motion B. Tout au plus insiste-t-elle sur la facilitation à adhérer ("par un clic") et la présence beaucoup plus active sur le Net (dans certaines sections et fédérations, on en est encore à l'âge de pierre ...). Ce n'est pas très audacieux, bien que ce soit très ambitieux dans les intentions, puisque cette motion en appelle à un "big-bang organisationnel". J'applaudirais à tout rompre si cette motion, qui est pourtant la mienne, nous expliquait comment !

Quoi qu'il en soit, le débat autour d'une nouvelle organisation du Parti socialiste est bel et bien lancé. Reste à savoir maintenant à quel moment il aboutira à des décisions concrètes. En tout cas, les progrès et l'implantation de l'extrême droite, la quasi élimination de certaines sections socialistes de la vie publique rendent cet aboutissement inévitable et urgent.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Je propose une cinquième motion: faire une véritable politique sociale et exclure du ps tous les membres du gouvernement pour haute trahison.

Emmanuel Mousset a dit…

C'est une idée originale, mais Staline est mort depuis longtemps.

Erwan Blesbois a dit…

J'essaie de réfléchir à des moyens d'adoucir les mœurs. Je me dis parfois que cela pourrait passer par une légalisation de l'euthanasie, en allant plus loin je me dis que l'acte irréparable pourrait être encouragé par la publicité, comme on vante les mérites d'une banque ou d'un paquet de lessive. Cet acte devrait être payant, environ 1000 euros pour que cela puisse générer du profit, donc de la publicité. Le corps devrait passer de vie à trépas dans une ambiance conviviale, voire festive, avec la mise au point d'une sorte d'orgasme terminal, par des moyens chimiques. Mon côté moralisateur me pousse à imaginer que l'on pourrait établir le profil sociologique de chaque candidat au suicide, afin d'en tirer des conclusions sur l'état de la société, il n'y aurait pas le tabou de la discrimination ethnique religieuse ou sociale, on aurait le droit d'établir des statistiques sur l'origine ethnique, religieuse et sociale des candidats, ce serait même un devoir. Enfin le corps une fois passé de vie à trépas devrait être entièrement recyclé, et consommé sous forme de chair humaine dans les supermarchés, il n'y aurait plus le tabou du cannibalisme. Les animaux subissent aujourd'hui de telles maltraitances afin d'être consommés dans les supermarchés, que cela mettrait fin à une forme d'injustice et d'hypocrisie : une vie humaine n'est pas plus sacrée qu'une vie animale, il ne devrait y avoir aucun tabou en la matière. Bref il faudrait que l'homme soit mis face à face avec sa propre nature et qu'il y voit le reflet du dégénéré qu'il est profondément à côté des autres espèces animales qui sont plus nobles et à la fois innocentes, alors que lui est coupable : ceci est finalement le résultat de la nécessité du retour à une forme de religion contre mai 68, donc contre la république.

Emmanuel Mousset a dit…

Erwan, ce n'est pas parce que tu es en vacances que tu dois consommer de la drogue.