mercredi 15 avril 2015

Alors, ce congrès ?



Entre élections départementales et élections régionales, le Parti socialiste tiendra son traditionnel congrès, début juin, à Poitiers. Je me force un peu à vous en parler, parce qu'il ne s'y passera strictement rien. Il suffit de connaître son histoire : un congrès socialiste n'a jamais changé ni même simplement infléchi la ligne d'un gouvernement de gauche. C'est d'ailleurs normal et profondément républicain : le président et l'Assemblée ont été désignés par les électeurs, mandatés par eux ; ce ne sont pas les militants d'un parti qui peuvent interférer là-dedans. Ou alors on n'est plus en Ve République. De Gaulle disait que la politique de la France ne se faisait pas à la corbeille de la Bourse ; un socialiste respectueux des institutions pourrait ajouter, à son tour, qu'elle ne se décide pas non plus à la buvette d'un congrès.

Le ralliement de Martine Aubry à la motion majoritaire sera le seul et unique événement de ce congrès. La maire de Lille, qui est une fine politique, a compris qu'il n'y avait pas d'espace ni de crédibilité pour une éventuelle contestation interne. Pourtant, elle est plus proche des frondeurs que du gouvernement. Mais elle a senti, dans les circonstances actuelles, que la fronde n'avait aucun avenir. Quand les socialistes sont au gouvernement, tous les socialistes doivent les soutenir : cette chose-là ne se discute pas. Jean-Christophe Cambadélis a eu raison, samedi dernier, lors du Conseil national du parti, de dénoncer le "sectarisme" de ceux qui refusent le rassemblement, ceux qui préfèrent rester entre eux, ceux qui ne pensent ni à la gauche ni à la France, mais aux places à prendre dans l'organigramme du parti : le congrès est fait pour eux, et n'intéressera qu'eux.

Le premier secrétaire a évoqué une idée un peu surprenante, passée inaperçue, pourtant très féconde : celle d'un "dépassement" du PS, par l'organisation et l'alliance avec d'autres forces politiques, au sein d'une sorte de "fédération". Ce projet fait écho aux intentions des écologistes pro-gouvernementaux, réunis il y a 15 jours à Paris. Le problème du PS, c'est qu'il ne peut plus rester seul. L'alliance avec le PCF et le Front de gauche est terminée. Il lui faut chercher des partenaires ailleurs, au sein d'une structure durable, pas seulement un cartel électoral. S'il y a une réflexion qui mériterait d'être abordée durant le congrès, ce serait celle-là.

Une dernière chose : le congrès de Poitiers sera d'autant plus calme que les minoritaires, dont la finalité est de se compter, se sont donnés un curieux candidat en la personne du député Christian Paul. Ce n'est pas une figure historique de l'aile gauche, il n'est pas idéologiquement bien identifié, n'a pas l'allant indispensable quand on veut impulser une dynamique et conquérir des positions. Si le but est de rassembler derrière l'image du frondeur, c'est raté : les adhérents socialistes aiment le débat politique mais privilégient la solidarité avec le gouvernement en ces temps difficiles. Paul ressemble trop à un électron libre, qui joue son propre jeu avec quelques amis à lui, qui bafoue la discipline du groupe parlementaire, qui prend le risque de faire échouer la majorité socialiste. La base n'aime pas ces jeux-là et le fera savoir au congrès.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Privé de sa base "les classes populaires" le parti socialiste avec l’étendard "Hollande" est en route pour faire le score de Gaston Defferre aux présidentielles de 1969 !
Malheureusement !!!!!!!!!!!!!!!!

Emmanuel Mousset a dit…

Non, aux départementales, le PS a préservé son socle habituel de 20-22%, qui lui permet d'espérer une reconquête de l'électorat. Et puis, vous savez, dans deux ans ...

Anonyme a dit…

Le socle de votre statue , mais c'est une chose qui doit être comparée aux scores des autres partis et des tendances , pris isolément ces chiffres n'ont guère de signification ....

.

Emmanuel Mousset a dit…

Je compare le dernier résultat du parti socialiste à ses autres résultats depuis 40 ans, qui oscillent entre 18 et 25% en moyenne.

Anonyme a dit…

Vous êtes bien dur avec Christian PAUL , plus dur que Politis ou Libération sur la dimension intellectuel comme politique de celui qui se battra au Congrès contre que ceux que vous soutenez contre vents mauvais et marées destructrices !

Emmanuel Mousset a dit…

Je suis dur parce que la politique n'est pas faite pour être doux.