lundi 27 octobre 2014

Najat, bien et moins bien



Je ne regarde jamais l'émission de Ruquier le samedi soir, "on n'est pas couché" : trop long, trop tard, trop rigolard. Mais samedi dernier, j'ai regardé, à cause des vacances, peut-être. Et puis, l'invitée politique était Najat Vallaud-Belkacem : je voulais voir comment elle allait se débrouiller. Je n'ai pas été déçu : sa voix est aussi douce que sa peau, mais ses arguments sont percutants.

La journaliste à côté de Caron, dont j'ai oublié le nom, lui posait des questions idiotes (mais rien n'est plus difficile que d'apporter une réponse intelligente à une question idiote). La ministre s'en est très bien sortie. On lui demande à quoi sert d'apprendre la sécurité routière pendant les activités périscolaires ! Comme si ce n'était pas utile aux élèves ... On lui fait remarquer que depuis que la gauche est au pouvoir, il y a beaucoup de manifestations de rue ! Bin oui, un pouvoir de gauche remobilise l'électorat de droite, et vice-versa. Bref, vous voyez le genre ...

Sur les divisions internes au PS, Najat a été très bien aussi : solidarité, travail collectif, car à quoi bon appeler au rassemblement des Français si les socialistes eux-mêmes n'en sont pas capables. J'étais donc heureux de cette prestation télévisée de notre ministre de l'Education nationale, un très bon élément du gouvernement, l'un des meilleurs. Mais il y a eu la fin d'interview, par Aymeric Caron, pourtant de gauche, type écolo, journaliste cependant, c'est-à-dire curieux et questionneur.

Dès les premiers mots, j'ai senti qu'il préparait quelque chose : il a rappelé que Najat Vallaud-Belkacem était toujours conseillère générale et qu'elle émargeait à 3 000 euros par mois. Patatras ! Je me suis dit que la ministre allait s'en sortir, trouver une justification : non, elle s'est enferrée dans ses propres arguments, qui n'en étaient pas réellement.

Le cumul des mandats ? "Je suis contre en principe". Ce qui voulait dire qu'en pratique, elle n'était pas forcément contre (ah, la vieille distinction entre la théorie et la pratique !). Pour se défendre, elle a annoncé qu'elle remettrait son mandat dans quelques semaines : fort bien, mais pourquoi pas avant, pourquoi pas dès son entrée au gouvernement ? Réponse : la loi ne l'y oblige pas (il y a pourtant des tas de choses auxquelles la loi ne force pas, mais qu'il faut faire quand même, surtout quand on est un politique).

Et voilà, le tour (de Caron) était joué, le lacet s'est refermé autour du cou de la ministre : elle donnait une image fraîche et rajeunie de la politique, et elle termine en vieille roublarde de l'électoralisme, gardant au chaud un mandat parce que c'est la loi commune dans un parti d'élus, plus on dispose de mandats et plus on exerce d'influence, et mieux on est considéré. Najat n'y est pour rien, ce n'est pas elle qui a inventé le système. Et ça n'enlève rien à ses qualités et à son travail. Mais en termes d'image, pour ceux qui auront suivi l'émission, dans l'état actuel de l'opinion public, ça la fiche mal. Je le sais depuis bien longtemps : il ne faut pas que je regarde Ruquier le samedi soir.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Effectivement,celà n'enlève pas ses nombreuses actions dans un ministère qui n'existait plus vraiment et ajouté à d'autres.Elle a reparlé de la parité et des violences,menant de nombreuses actions concrètes dont des lois importantes,en seulement deux ans.
Son arrivée à l'éducation nationale a fait que ce ministère est de nouveau rattaché à M.Touraine.
On ne doute pas de ses capacités d'adaptation et de travail.
Simplement pas encore habituée aux manipulations journalistiques.A.