vendredi 10 octobre 2014

Justice sociale



Le débat sur l'indemnisation des chômeurs est-il légitime ? Oui, bien sûr : l'assurance-chômage est un élément essentiel dans le fonctionnement de notre société, c'est un sujet éminemment politique, il est donc loisible en République d'en débattre, d'approuver, de critiquer, de proposer, d'améliorer, de transformer.

Ce débat est-il actuellement mené de façon satisfaisante ? Non, pas du tout : il a même, pour tout dire, quelque chose de scandaleux. D'abord parce qu'il pointe du doigt, en bloc, l'ensemble des chômeurs, laissant plus ou moins croire que ce sont des glandeurs ou des fraudeurs, alors que les chômeurs, il faut le répéter en préambule de toute discussion, sont des victimes. La cause unique du chômage, c'est l'absence d'emploi (excusez ce truisme), pas la paresse, le découragement ou l'échec des chômeurs dans leur recherche d'emplois qui n'existent pas ou qui sont rares.

Ensuite, il faut arrêter d'employer le terme de "générosité" pour qualifier le système d'indemnisation. Aujourd'hui, presque tout le monde le répète pourtant, à la façon de Jacquot le perroquet. La "générosité" est un acte personnel, gratuit et non réciproque ; l'indemnisation-chômage est un système collectif, où des cotisants perçoivent des droits en cas de perte d'emploi : rien à voir avec la "générosité". Je pinaille ? Oui, sciemment : les hommes publics, politiques, journalistes, intellectuels, doivent employer les mots justes, car le langage est tout sauf innocent.

En revanche, il est légitime de s'interroger et de réfléchir aux montants de ces indemnités, et c'est la piste ouverte par Manuels Valls, avec raison. Disons-le brutalement : un cadre supérieur, par exemple, bénéficie d'une durée et d'un niveau d'indemnisation que le souci de justice sociale rend discutables. Sa situation financière le met à l'abri de ce genre d'aléas professionnels, il a une latitude suffisante pour retrouver assez facilement un emploi. Rien à voir avec l'ouvrier sans formation qui se fait licencier après vingt ans de boîte, qui n'a pratiquement aucune chance de retrouver du boulot et qui a du mal à nourrir sa famille.

Sur l'indemnisation-chômage comme sur les allocations familiales, on a vite fait de s'égarer dans des débats techniques qui politiquement ne débouchent pas, sinon qu'on ne peut rien faire et qu'on ne touche à rien parce que c'est trop compliqué. Là comme ailleurs, il faut partir de principes simples. Pour moi, c'est clair, toutes ces réformes doivent être guidées par une idée : celui qui n'a rien doit recevoir beaucoup, celui qui a beaucoup n'a besoin de rien.

Techniquement, je suis favorable au mécanisme de l'indexation systématique des indemnités et allocations de toute sorte : c'est sous conditions, à partir du niveau des revenus et des situations, qu'il faut verser toutes les prestations sociales. C'est aussi l'idée que j'ai trouvée hier dans l'éditorial de Samir Heddar, dans L'Aisne nouvelle, qui propose très justement d'appliquer l'indexation aux remboursements des soins de santé. Pour les socialistes, je crois qu'il y a là toute une pensée sociale à renouveler : être plus équitable qu'égalitaire, ne pas faire des économies pour faire des économies, mais en vue de la redistribution et de la justice sociale.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

être plus équitable qu'égalitaire, je suis d accord, alors n oublions pas de revoir cet impôt très injuste : la Tva