vendredi 12 septembre 2014

La solitude, ça n'existe pas



Le Courrier picard de ce jour, rendant compte de la réunion d'Yves Daudigny mercredi soir à Saint-Quentin (voir billet d'hier), fait ses titres sur la solitude des candidats socialistes, en notant qu'il y avait "à peine dix participants" (douze en tout, très précisément) et une seule grande électrice de Saint-Quentin, conseillère municipale, Carole Berlemont ( deux en réalité, avec Marie-Anne Valentin, arrivée en cours de réunion). Le constat est vrai, l'effet est désastreux, mais je voudrais relativiser et montrer que cette situation n'augure pas d'une défaite aux élections sénatoriales :

1- Il y a le contexte local : n'importe quel socialiste, pour n'importe quelle raison, viendrait à Saint-Quentin, il y aurait peu de monde. A une exception près (la dernière réunion de la campagne municipale dans l'auditorium de l'école de musique), les réunions socialistes n'ont jamais vraiment mobilisé. J'ai souvent fait remarquer que le phénomène est ancien. Qu'il s'accentue avec le temps, c'est certain.

2- Le conseil général de l'Aisne n'y est pour rien dans cette affaire. De fait, c'est bel et bien les sections socialistes, la faiblesse de l'appareil local, son implantation très limitée, ses défaites successives depuis 15 ans, qui sont en cause, et pas Yves Daudigny ou Roland Renard. Faire déplacer des militants, remplir une salle n'a jamais été facile en politique. Dans les circonstances actuelles, le climat national aidant (ou plutôt n'aidant pas !), ça devient très difficile.

3- Je crois qu'il y a aussi un problème, permanent, également ancien, de communication des socialistes avec la presse locale. La venue du président du conseil général, candidat à la sénatoriale, ce n'est pas rien, c'est quelque chose qui se prépare. Un point presse aurait sans doute été, pour Saint-Quentin, mieux adapté pour toucher les électeurs (ce qui n'empêchait pas, bien sûr, une réunion plus militante). Ou, mieux encore, la visite symbolique d'une réalisation locale (associative, administrative) du conseil général de l'Aisne.

4- Mais la raison de fond, c'est que l'UMP, depuis 20 ans au moins, a tissé un réseau très serré, très efficace dans le Saint-Quentinois, auprès de ses élus. Les deux conseillers généraux sont de droite. Je me souviens qu'il y a 10 ans, lors de ma candidature aux cantonales (canton de Saint-Quentin nord), l'argument de me prévaloir de la majorité de gauche du conseil général ne portait pas vraiment. Les élus des communes rurales restaient attachés plus ou moins à la ville de Saint-Quentin, à l'influence de Pierre André et de Xavier Bertrand. On en revient toujours à la même chose : la politique est un jeu d'influence.

La presse de ce matin avait donc de quoi déprimer un socialiste saint-quentinois. Mais, en matière de déprime locale, nous sommes depuis longtemps blindés, inoculés ! Le sort de l'élection sénatoriale dans la circonscription ne s'est pas joué mercredi soir dans une lointaine salle de l'espace Matisse. La solitude, ça n'existe pas, y compris en politique. Il y a des forces, qui sont là, qui ne demandent qu'à être mobilisées. Il y a surtout des arguments, des idées, un bilan, des projets qui sont portés par la liste de gauche aux élections sénatoriales. Au final, il n'y a que ça qui compte et qui décidera les électeurs.

2 commentaires:

Jacques a dit…

« …la politique est un jeu d'influence» écrivez-vous.
A vous lire depuis quelques années, je me suis en effet convaincu que, dans votre vision, la politique, en effet, est un jeu.
Avec ses règles : se montrer, se faire connaître, serrer des mains, savoir s’affirmer, être charismatique, se créer des réseaux ou en faire partie,…
Peu importe de gagner ou de perdre. L’essentiel est de jouer !
« Il y a surtout des arguments, des idées, un bilan, des projets qui sont portés par la liste de gauche »
Mais peu importe. Puisque la politique est un jeu. Et que l’essentiel est d’y participer.
Alors, on joue… Tandis que depuis 30 ans le trou noir du FN attire, aspire et grossit, grossit et bientôt nous engloutira. Tel est le destin des trous noirs et de tout ce (tous ceux) qui passe(nt) à sa portée.

Emmanuel Mousset a dit…

S'il y en a un qui "joue", c'est vous : avec les mots ! De fait, il y a un "jeu" politique, qui n'est pas ma "vision" personnelle, mais un constat : depuis que la politique existe, elle est faite de tactique, de stratégie, d'alliance, et c'est ce qu'on appelle le "jeu" politique, expression qui n'a rien de péjorative, qui est l'essence même de la démocratie (on parle aussi de "jeu" démocratique ou de "jeu" électoral).

Mais cette dimension technique de la politique n'est pas contradictoire avec les idées, les projets, les idéologies, bien au contraire.

Quant au FN, il n'existe que parce qu'il combat ce "jeu" démocratique, qui est au fondement de la République.