jeudi 18 septembre 2014

Hollande, président dur dur



J'aime beaucoup les conférences de presse présidentielles dans les salons de l'Elysée. Elle redonne du lustre, du sens, de la grandeur à la fonction, qui en a bien besoin en ce moment. J'ai regardé toute la conférence de François Hollande, que j'ai trouvé très bien, très président. La première demi-heure était un peu ennuyeuse, le chef de l'Etat un peu crispé (c'est la partie présentation de son action, très conventionnelle). En revanche, face aux questions des journalistes, il a été bon, s'est détendu, s'est montré mordant, combatif, caustique quand il le fallait.

L'exercice est forcément ritualisé, donc figé. Mais c'est très bien comme ça. Le tapis rouge, les chaises en rangs d'oignons, les tentures des deux côtés du président de la République, le paysage bucolique qu'on devine tout au fond, à travers une fenêtre, j'aime aussi beaucoup. Ce qui est amusant, ce sont les mouvements de caméra sur les visages des ministres, tout aussi figés que le décor, esquissant parfois un timide sourire ou bien secouant très légèrement la tête de haut en bas, pour exprimer leur acquiescement aux propos présidentiels ( ces visages-là me font penser aux têtes de chien en peluche qui bougent à l'arrière ou à l'avant des voitures, quand celles-ci sont en marche).

Sur le fond, ce sont les principes de la fonction présidentielle, rappelés par François Hollande, que j'ai retenus. D'abord, le fait qu'il n'est pas candidat, mais pleinement président, jusqu'au terme de son mandat. Ensuite, qu'il n'agit pas pour lui-même, en vue de son intérêt personnel, mais dans l'intérêt général de la France et des Français. Et puis, il a fort justement écarté toute nouvelle question sur sa vie privée. Il faut quand même redire que la vie personnelle de nos hommes publics, leurs problèmes de famille, de santé ou d'argent, on s'en fout ! Ce qui compte, aux yeux des Français, qui eux aussi ont leurs problèmes de famille, de santé et d'argent, c'est l'action publique de l'homme public, et les résultats qu'il peut apporter. Rien d'autre. Enfin, il était essentiel que le président s'inscrive dans la durée et dans l'avenir : l'action politique ne se fait pas dans le temps présent (parce que rien de sérieux ne peut se construire dans le temps présent).

Je veux terminer cette rapide réaction à chaud par ce qui m'a semblé la question la plus stupide de toute la conférence : pourquoi le président de la République n'avait-il pas de parapluie pour le protéger lors des cérémonie à l'île de Sein ? Cette imprudence n'a-t-elle pas porté atteinte à la fonction présidentielle ? La journaliste en question aurait pu aussi, dans sa lancée, sans honte, lui demander la couleur de son slip ou la marque de ses chaussettes ... Il y a des moments où la retenue du chef de l'Etat est digne d'admiration. Mais ne l'a-t-il pas dit en conclusion : Hollande est encore plus "dur" envers lui-même que les autres ne sont "durs" avec lui.

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