samedi 27 septembre 2014

Un nouveau Front



J'ai très envie d'adhérer au nouveau parti que vient de lancer aujourd'hui Jean-Luc Bennhamias, le Front démocrate, social et écologiste. D'abord parce que, paradoxalement, le parti socialiste n'est pas, avec le travail de sape des frondeurs et de l'aile gauche, le meilleur soutien du gouvernement. Le Front démocrate se propose de défendre sans complexes la politique menée par Manuel Valls, ce qui évidemment me ravit.

Ensuite parce que je ne crois pas que le PS puisse changer de l'intérieur : c'est un parti d'élus, peu porté à débattre sur le fond des choses. Le changement ne peut venir que de l'extérieur. C'est ce qu'on a vu avec les primaires citoyennes, qui se sont ouvertes aux sympathisants et aux électeurs de gauche, au lieu d'en rester au petit noyau des militants, qui va progressivement en se réduisant comme peau de chagrin.

Enfin, le socialisme traditionnel, qui marque encore beaucoup les cadres intermédiaires du PS, n'est plus tenable. La ligne Hollande-Valls, ce n'est plus Jaurès-Blum, c'est Blair-Schroeder : il faut en tirer les conséquences politiques et organisationnelles. Le Front démocrate adhère totalement à la social-démocratie (une partie du PS y résiste). Bennhamias évoque avec justesse la culture du compromis et du consensus qui manque à notre pays (voyez à propos de la réforme des rythmes scolaires : tout le monde est d'accord sur le principe, personne n'arrive à s'entendre sur son application). Nous vivons une époque de refus, de pessimisme et de désespérance particulièrement inquiétante (c'est un climat propre à la France).

Ce qui me séduit aussi dans ce nouveau parti, le Front démocrate, c'est qu'il ne veut pas être une formation politique qui se rajouterait aux autres et rivaliserait avec elles (auquel cas je n'aurais aucun envie d'y adhérer). Non, le FD pousse à une recomposition de la gauche et de la majorité parlementaire, pour se diriger, d'ici quelques années, vers la création d'une sorte de Parti démocrate, à l'image de celui des Etats-Unis. Je pense en effet que l'avenir de la gauche est de ce côté-là (les primaires en étaient d'ailleurs la préfiguration).

Toutes choses égales, les socialistes sont dans la situation des années 60. Notre PS est proche de la SFIO d'alors : un appareil reposant essentiellement sur des élus, disposant de places fortes localement mais coupé en partie de la société (quand on voit le nombre et la qualité des adhérents dans les sections, on comprend vite le déphasage avec la population). Le socialisme ne s'est pas renouvelé grâce à la SFIO, incapable de se transformer, mais par la réflexion et l'action de petites structures (Convention des institutions républicaines, Fédération de la gauche démocratique et socialiste, Club Jean-Moulin, entre autres) qui ont abouti, dans les années 70, à la fondation d'un nouveau parti socialiste, en rupture avec la vieille SFIO. Il me semble que c'est dans cette stratégie que s'inscrit le Front démocrate de Bennahmias.

Il faut souhaiter bien sûr que ce nouveau parti ait des antennes locales. A Saint-Quentin, qui ne voit qu'on ne gagnera jamais dans l'état où se trouve actuellement la gauche ? Il faut remettre du débat, de l'activité publique, des perspectives d'avenir. Le Front démocrate peut sûrement remettre du mouvement dans cette morne plaine.

Et puis, Jean-Luc Bennhamias, c'est pour moi une retrouvaille, puisque j'étais membre (suppléant) de sa liste écologiste ouverte, aux élections municipales de 1989, dans la ville de Pantin, où alors je résidais. Son parcours personnel est assez intéressant : Vert à l'origine, il a quitté ce parti quand il a vu que c'était le PS en pire, jeux d'appareil et opportunisme à tous les étages. Il a tenté l'aventure centriste au MoDem, espérant constituer un introuvable centre gauche, avant de rompre récemment avec Bayrou, revenu à droite. Bennhamias, c'est un peu notre Cohn-Bendit national, dont il partage les grandes idées, "une vision libertaire de la social-démocrate". Tout ça me va, me plaît et m'enthousiasme.

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