mercredi 10 septembre 2014

La confiance ne se discute pas



C'était hier la rentrée parlementaire. Dans une République, c'est un moment important, solennel, politique. Un dossier extrêmement précieux, utile, fondamental pour la vie des Français a été abordé : le problème de la dépendance, le traitement de la grande vieillesse dans notre société. Mais de quoi hier, sur la scène publique, a-t-il été question ? Du secrétaire d'Etat qui ne payait ni ses impôts, ni son loyer et qui ne veut pas démissionner de son siège de député ; de Martine Aubry qui a lâché des petites phrases pour égratigner le gouvernement ; des députés "frondeurs" qui appellent à "l'abstention collective" pour le vote de confiance de mardi prochain. Voilà ce que les Français ont sûrement retenu de la rentrée des députés. Mais la grande réforme de la dépendance, qui les concerne tant, sans doute pas grand chose, sinon rien. La vie politique nationale en est arrivée là, dans cet état moral catastrophique.

Thomas Thévenoud, j'ai traité de son cas hier. Il se plaint d'en prendre "pleine la gueule". Moi, je trouve qu'elle n'en prend pas assez, sa petite gueule de "négligent" de la République. Martine Aubry, qui n'a pas voulu participer au gouvernement, veut bien maintenant, après deux ans de prudent et malin silence, participer à la critique du gouvernement. Ce n'est pas joli joli. Et que reproche-t-elle à ses camarades qui ont choisi de mettre les mains dans le cambouis, pendant que les siennes restaient blanches, propres et parfumées ? Manuel Valls est trop "crispé". Tu parles d'une critique ! Et que propose la dame de Lille ? Des "infléchissements". Quel programme, quelle pertinence, quelle hauteur de vue ! De quoi en tomber du haut du beffroi de sa chère ville ...

Non, tout ça n'est pas sérieux. Ce sont des griffures de chat, pas une alternative politique. Je suppose que la fameuse "crispation", c'est la fermeté, l'autorité, l'intransigeance du Premier ministre ? Alors, vive la "crispation" ! Quant aux "infléchissements", ça ne veut tien dire : "infléchir" quoi, dans quel sens ? infléchir, ça veut dire, précisément, courber, incliner : rien de tel pour se casser la gueule ! Ce n'est plus le beffroi de Lille, c'est la tour de Pise. Les "infléchissements" d'Aubry, dont on ne voit pas ce qu'ils sont, sinon des critiques à bon marché pour prendre date, je n'en veux pas.

Mais le pire, c'est l'attitude des "frondeurs", qui prônent "l'abstention collective". Déjà, l'abstention individuelle, ce n'est pas très glorieux pour un parlementaire, ça veut dire qu'il se débine devant ses responsabilités, quand on lui demande de se prononcer sur la politique générale du gouvernement. On ne peut pas à la fois dénoncer l'abstention des électeurs et la pratiquer soi-même à l'Assemblée. Mais pire de chez pire, c'est "l'abstention collective", concertée, organisée, c'est-à-dire la révolte contre son propre camp, le refus de la ligne qu'on est pourtant censé soutenir et défendre. Qu'on puisse, personnellement, s'abstenir sur tel ou tel projet, pour une question de conscience, je peux l'admettre ; mais retirer sa confiance de toute la politique du gouvernement socialiste quand on est député socialiste, non, c'est incohérent, contradictoire et scandaleux.

En matière de petit scandale, il y en a un qui est allé très loin hier (jusqu'où les "frondeurs" vont-ils aller ?), c'est Laurent Baumel, en affirmant que si l'extrême droite faisait des scores aussi élevés, c'était la faute à la politique du gouvernement ! Baumel, je crois qu'il est bon pour adhérer à l'UMP (bon débarras, d'autant que je l'ai connu strauss-kahnien propre sur lui ; comme les temps changent ...).

Vous me ferez peut-être remarquer que l'abstention des députés "frondeurs" ne changera rien au résultat, puisque leur vote (si on peut appeler ça un vote) ne sera pas pris en compte. Mensonge, hypocrisie ! Si la déclaration de Manuel Valls est adoptée par une large majorité ou bien par une majorité ric-rac, ça change tout, l'interprétation sera complètement différente, le gouvernement en sortira fragilisé et l'opposition requinquée. Non, le mot d'ordre d'"abstention collective" est une petite saloperie, un cure-dents enfoncé dans le dos du gouvernement par des "frondeurs" à la petite semaine, dont les conséquences politiques seraient pourtant désastreuses. En politique comme dans la vie, il faut de la confiance. Quand on n'a plus confiance, on s'en va. La confiance ne se discute pas.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est vrai , on doit avoir entière confiance en ses conseillers :

François Hollande essuie encore des critiques provenant de ses proches. Après la publication du livre Merci pour ce moment, où Valérie Trierweiler revient sur son passage à l'Élysée, c'est au tour d'Aquilino Morelle de régler ses comptes.

L'ancien conseiller politique du Président, poussé à la démission, multiplie les attaques cinglantes en direction du gouvernement. Dans un entretien publié dans Le Point à paraître jeudi 11 septembre, il estime avoir été "victime d'une épuration ethnique" de la part des membres du gouvernement.

Angela Merkel va nous traiter comme nous le méritons, comme des laquais
Aquilino Morelle

Il en profite aussi pour contester la politique économique du gouvernement en expliquant que ni François Hollande, ni Manuel Valls, ni Emmanuel Macron ne parviendront à redresser la France. Aquilino Morelle rajoute que la principale conséquence de cet échec sera qu'"Angela Merkel va nous traiter comme nous le méritons, comme des laquais", rapporte Le Point.

Emmanuel Mousset a dit…

Les propos de Morelle sont tellement excessifs qu'ils en deviennent comiques.