dimanche 14 septembre 2014

Frondeurs et guignols



L'image était saisissante : à la fête de l'Huma, à la même table, partageant le pain et le sel, des parlementaires socialistes paisiblement installés, discutant avec Mélenchon, Laurent et ceux qui s'apprêtent, dans deux jours, à censurer le gouvernement. Le Christ, lors de la Cène, n'avait qu'un Judas, là il y en a trois : Paul, Guedj et Lienneman. Les caméras les filment complaisamment, les trois ont l'air content de leur affaire.

Que disent-ils pour leur misérable défense ? "Il y a toujours eu des socialistes à la fête de l'Humanité". L'argument est puant d'hypocrisie. Oui, il y a toujours eu des militants socialistes à La Courneuve, moi même je m'y suis souvent rendu, parce que le PCF fait partie de la grande famille de la gauche, que sa fête historique est vraiment intéressante. Mais la venue d'un parlementaire, ce n'est pas la même chose, ça a un tout autre sens ! Surtout dans le contexte politique actuel. A la fête de l'Huma, il y a déjà eu des ministres ou des élus socialistes invités à des débats, mais pour défendre la politique du gouvernement socialiste, pas pour la dénigrer. Alors je dis non, cette présence est une guignolade.

Les trois frondeurs ont un autre argument, pour se protéger : ils n'ont pas l'intention de renverser le gouvernement, ils ne font que s'abstenir. Elle n'est pas mal, celle-là ! Peut-être faudrait-il les remercier de leur mansuétude ? La vérité, Valls la très bien dit, c'est que le vote de mardi prochain devra exprimer un fort soutien au gouvernement : si la majorité était de justesse, l'effet politique serait déplorable (d'autant qu'un vote n'est jamais à l'abri d'un accident, comme l'a souligné le Premier ministre). Les frondeurs veulent nous faire croire qu'ils tirent à blanc, que leurs lames de couteaux sont en plastique : avec eux, c'est guignol, les coups de bâton seraient faux, pour de rire, ne feraient pas mal. Hélas, leur nuisance politique est tout ce qu'il y a de plus réel.

Jean-Luc Mélenchon, qui s'y connaît en guignolade, a flairé la contradiction de ses invités d'un jour : s'abstenir, dit-il en substance, ça n'a aucun sens ; si on est contre la politique du gouvernement, on vote contre. De son point de vue, il a raison, les frondeurs sont incohérents. D'un autre côté, leur manque de courage, ou leur inconséquence, arrangent fort heureusement, si on peut dire, le parti socialiste, qui échappe ainsi au pire. Mais on se passerait fort bien de ce genre d'attitude, dans la crise que nous traversons. Des frondeurs ? Non, des guignols.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

A méditer sur ambiance de guerre et de pression fiscale :Troubles qui éclatent en France entre 1648 et 1653 pendant la régence d'Anne d'Autriche et le ministère du cardinal Mazarin.

Unis contre l'absolutisme monarchique et la politique fiscale de Mazarin, les différents acteurs sociaux de ces troubles conservent des motivations et des aspirations peu conciliables. Les officiers, notamment les parlementaires, protestent contre les pouvoirs accrus des intendants et du Conseil du roi ; les nobles n'acceptent plus leur exclusion du pouvoir au profit de commis d'origine roturière ; la bourgeoisie et plus encore le peuple, éprouvé par les mauvaises récoltes, sont exaspérés par l'accroissement de la pression fiscale qu'engendre la guerre contre l'Espagne.
La FrondeLa Fronde

La Fronde parlementaire (1648-1649) est provoquée par l'édit du 30 avril 1648, auquel s'oppose le parlement de Paris faisant corps avec les cours souveraines. Il rédige une charte en 27 articles contenant des réformes (suppression des intendants, enregistrement des édits fiscaux par les cours, etc.). Trois parlementaires (dont Broussel) ayant été arrêtés par Anne d'Autriche et Mazarin (26 août), la population parisienne obtient, à l'issue de trois journées dites des Barricades, leur libération. Retiré à Saint-Germain avec la régente et Louis XIV (5-6 janvier 1649), Mazarin fait assiéger, par Condé, Paris où le parlement, qui s'est emparé du gouvernement, organise la résistance avec des grands seigneurs (Conti, Longueville, Beaufort), le coadjuteur de l'archevêque, Gondi, et la municipalité bourgeoise. Mais, craignant l'agitation populaire, le parlement négocie la paix de Rueil (11 mars) avec la régente, dont il obtient le pardon moyennant l'abandon de ses prétentions politiques.
MazarinadeMazarinade

La Fronde des princes (1650-1653) est déclenchée par l'arrestation, sur ordre de Mazarin, des princes de Condé et de Conti et du duc de Longueville (18 janvier 1650), qui menaçaient le ministériat. Le soulèvement en leur faveur des provinces sous la conduite de la haute noblesse, aidée par les troupes espagnoles, est mis en échec à Rethel (15 décembre) par l'armée royale. Mais une nouvelle coalition des parlementaires et des grands obtient la libération des trois princes et l'exil de Mazarin à Brühl (6 février 1651). De graves dissensions naissent alors entre les frondeurs : Turenne se rallie à Louis XIV, qui, parvenu à sa majorité (septembre), s'installe à Poitiers avec Mazarin, tandis que Condé et ses partisans entretiennent, depuis Bordeaux, le soulèvement provincial avec l'appui de l'Espagne.
Alfred Johannot, Entrée de Mademoiselle de Montpensier à OrléansAlfred Johannot, Entrée de Mademoiselle de Montpensier à Orléans

Après le combat indécis de Bléneau (avril 1652), Condé se rend maître de Paris grâce à la Grande Mademoiselle, qui fait tirer de la Bastille sur les troupes royales (1er juillet 1652). Mais ses violences à l'égard de la bourgeoisie et la lassitude générale engendrent un ralliement à la monarchie : le 21 octobre 1652, Louis XIV et Anne d'Autriche entrent à Paris, suivis par Mazarin (3 février 1653) qui interdit au parlement de se mêler des affaires d'État et fait surveiller étroitement la noblesse. L'échec de la Fronde aboutit ainsi au renforcement de l'absolutisme qu'elle avait combattu.