vendredi 5 septembre 2014

Dent pour dent



C'était prévisible : à l'occasion de la vente du livre de la garce, nous assistons à la ruée des cochons vers l'auge à merde, couinements de plaisir en sus. Dans cette affaire, François Hollande va y perdre, c'est certain. Non pas tant dans les révélations sur sa vie de couple, aux péripéties très banales et sans scandales : non, c'est la formule assassine, et faite pour assassiner, des "sans dents" qui lui restera, comme un poignard fiché dans son dos. C'est tellement bien inventé, et vicieux à souhait, que l'expression paraîtra vraie, authentique à beaucoup de gens. Le monstre a visé juste et frappé fort.

L'accusation est pourtant fausse, invraisemblable, mensongère. François Hollande ne méprise pas plus les pauvres que Dominique Strauss-Kahn n'est violent avec les femmes. L'histoire des "sans dents", c'est son Sofitel. Remarquez bien que dans les deux cas, nous avons affaire à un règlement de comptes où des femmes se transforment en pompes à fric, où l'intimité supposée dévoilée autorise toutes les manipulations, sans vérification. Si vous voulez détruire quelqu'un, affirmez le contraire de ce qu'il est, faites de l'abbé Pierre un salaud et de mère Térésa une pute. Allez réfuter, allez démentir quoi que ce soit après ça !

"Sans dents" : c'est violent, crasseux, fourbe. Un chef de l'Etat digne de ce nom ne peut pas s'exprimer ainsi, un socialiste encore moins, puisque son combat est dans la défense des plus pauvres (voir mon récent billet "Rebs borderline"). Mettre cette formule dans la bouche de François Hollande, en faire l'inventeur, c'est lui exploser la tête. C'est le but de la perverse. La dentition parfaite, le sourire à l'américaine, c'est aujourd'hui un signe de classe, un identifiant bourgeois. Le pauvre a les dents niquées, pourries, mal entretenues, parce qu'il est négligeant, se soigne mal, n'a pas les moyens pour ça : voilà ce que l'image des "sans dents" véhicule, une discrimination sociale. Les pauvres n'ont que le dentier comme solution, qui en fait des vieux avant l'âge. Les riches peuvent se payer des implants, plus vrais que vrais, méconnaissables. Voilà tout ce que remue la crapule dans l'esprit des gens, avec son "sans dents" qu'elle attribue à son ex-compagnon.

Comment réagir à l'affront, quand on est socialiste ? Au début des années 70, il y avait un slogan mao de la Gauche prolétarienne que j'aimais beaucoup : "pour un oeil, les deux yeux ; pour une dent, toute la gueule". Voilà la réaction "appropriée", comme on dit aujourd'hui. Il ne faut rien laisser passer, rien laisser dire sans réagir à la foldingue. D'autant que le parti traverse une mauvaise passe, sondages au plus bas, secrétaire d'Etat obligé de démissionner, ennemis de l'intérieur qui poursuivent leur travail de sape, ...

Il ne m'étonnerait pas que nos rangs se clairsèment, que gonfle l'armée des indécis, des prudents, des trouillards, des mous, des tièdes, des traîtres et des déserteurs. Tous les chefs connaissent ce grand moment de solitude, où le vide se fait autour d'eux, où il ne reste plus que le carré des fidèles. Pourtant, rien n'est perdu. Les légions romaines adoptaient la tactique de la tortue : tous rassemblés sous les boucliers bien serrés, et avancer droit devant, sans se poser d'inutiles questions. C'est ainsi que l'empire a dominé le monde. Nous le pouvons, les barbares ne sont pas encore tout à fait dans la place.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Quand hollande et Ségolène affichaient volontairement leur vie intime dans jour de France , moi ca m'avait choqué.
Aujourd'hui voila le revers de la médaille, que les politiques cessent de se prêter au jeu de la peoplisation pour séduire l'électorat, qu'ils restent à leur place dans le monde des idées.
ils font leur tord en médiatisant leur vacances, leur compagne, en acceptant de se dévoiler sur la banquette à Drucker tout un dimanche après midi, en allant sur le plateau d émissions de divertissement, en ouvrant leur album de photos familiales au grand public.
Alors oui monsieur Mousset quand on accepte de raconter le début de son histoire amoureuse, les citoyens se réjouissent d'en connaitre la fin.
Soyez tout aussi en colère après le comportement des politiciens que de l'attitude de leur compagnes.
le citoyens lui se distrait aussi par la vie intime des politiques car ils ne les différencie plus des actrices ou des chanteurs.





Emmanuel Mousset a dit…

Vous n'avez pas tort ...