samedi 31 mai 2014

F'Aisne



J'ose le jeu de mots, inspiré de la campagne publicitaire du Conseil général. Autant en rire (jaune) : notre département est le plus lepéniste de France ! C'est pourtant une vieille terre de gauche, républicaine et maquisarde. Qu'est-ce qui s'est passé pour en arriver là ? Le pire serait le déni. Nous avons tous notre part de responsabilité : partis progressistes, syndicats, associations d'éducation populaire (je ne parlerai pas de la droite et de ses réseaux, je n'aborde dans ce billet que la famille : chacun doit faire le ménage chez soi).

L'éducation populaire ? J'en suis depuis 15 ans, très activement. J'ai sillonné le département, organisé et animé des tas de manifestations pour promouvoir la tolérance, l'antiracisme, la citoyenneté. Pour déboucher sur une extrême droite à 40% ? Non, il y a quelque chose qui ne va pas, qu'il faut d'urgence interroger, pour agir sans doute autrement (à la tête de la FOL, Fédération des oeuvres laïques de l'Aisne, je n'ai pas le sentiment d'être allé au bout de ce qu'il aurait fallu, en matière de modernisation). Et surtout ne pas se défausser sur la protestation sociale prétendument légitime, l'impopularité actuelle du gouvernement, le rôle des médias ou je ne sais quelle autre excuse trop facile. C'est bien le coeur de gauche qui est atteint, remis en cause. Et nous ne sommes peut-être pas, hélas, au bout de nos peines ...

Au plan politique, les 5 plus grandes villes de l'Aisne échappent au parti socialiste. Ce parti d'élus ne peut compter que sur le Conseil général pour asseoir son influence électorale. Sauf que le département est voué, à terme, à disparaître. Pas de quoi motiver et mobiliser les troupes, on le sent bien à l'atmosphère qui régnait dans l'assemblée départementale, lors de sa dernière séance. Alors, il ne reste plus que l'appareil socialiste comme épine dorsale de la gauche. Mais qui ne pourra pas demeurer en l'état, qui devra se montrer plus offensif, plus conquérant, plus présent sur le terrain.

Par exemple, aucune manifestation n'a été organisée dans l'Aisne ce jeudi, en protestation au Front national : ce n'est pas facile, je le conçois ; mais il faut absolument agir, d'une façon ou d'une autre, trouver sans doute des formes nouvelles de mobilisation et de présence. Améliorer aussi, bien sûr, la communication en direction des médias. Bref, ne plus se contenter d'un réseau d'élus qui gère essentiellement les investitures aux élections, activité précieuse et indispensable, mais qui ne peut pas être exclusive. Il faudra certainement des années pour remonter la pente, ne plus laisser la première place dans l'Aisne au FN.

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