jeudi 5 février 2015

L'esprit du 11 janvier



J'ai pu regarder toute la conférence de François Hollande. Ses adversaires auront trouvé des choses à redire, ses partisans, dont je suis, auront intégralement applaudie. Que dire d'autres ? En deux heures, tant de sujets sont évoqués qu'il est difficile d'en faire une synthèse. En ce qui me concerne, je retiendrais surtout un état d'esprit : le chef de l'Etat s'est largement inspiré, dans de nombreuses réponses, de ce fameux esprit du 11 janvier, après la semaine tragique. Ce n'était pas évident : une vulgaire récupération aurait été malvenue. Mais récupère-t-on un état d'esprit qui a dépassé les clivages habituels ? Je pense que non. En tout cas, le chef de l'Etat a bien marqué qu'il y avait un avant et un après, que la France atteinte en plein coeur avait su se mobiliser, réagir et se montrer exemplaire devant le monde entier.

L'esprit du 11 janvier, ce n'est pas la gauche, ni la droite : c'est la République. François Hollande a décliné ce thème tout au long de son intervention. Et je crois que c'est très juste. Au dessus des partis, quelque chose d'essentiel nous rassemble : la liberté, l'égalité, la fraternité, qui ne sont pas d'un camp ou d'un autre. Nous avons manifesté le 11 janvier pour dire que chacun était libre de s'exprimer comme il l'entendait. Nous avons manifesté aussi pour rappeler l'égalité entre tous les citoyens, quelle que soit leur religion (ou leur absence de religion). Nous avons enfin manifesté pour la fraternité, ce sentiment d'appartenance à une société, la France, la République, qui se lève unanimement lorsque ses valeurs sont bafouées par des fanatiques.

L'événement de ce début d'année aura marqué la France, mais aussi le président de la République, qui a reconnu avoir changé à la suite de ce qui s'est passé. Une sorte de gravité désormais l'anime. Non qu'elle ait été absente auparavant, mais les tragiques circonstances l'ont renforcée. Le chef de l'Etat est encore plus chef d'Etat. Un autre indice le confirme : la place prise, durant sa conférence de presse, par la politique internationale. On oublie trop souvent qu'un président de la République est aussi élu pour intervenir dans les affaires du monde, en Ukraine cet après-midi, en Russie demain. Pendant longtemps, les "affaires étrangères", comme on les appelait, ne concernaient guère les citoyens, quand la France vivait en grand partie à l'intérieur de ses frontières. Mais à l'heure de la mondialisation et de la construction européenne, le monde nous intéresse tout autant que la nation. Notre vie la plus quotidienne dépend de l'état du monde. N'est-ce pas aussi ce que nous fait comprendre l'esprit du 11 janvier, dont la manifestation a eu un impact planétaire ?

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